Une nonagénaire d’Audun-le -Roman a été dépouillée de toutes ses économies. Soit plus de 125 000 euros ! Un couple a fini par passer à la caisse : il a été jugé mardi par le tribunal du Val de Briey.
« Elle aurait bien voulu être là. Mais malheureusement, elle a fait un malaise ce (mardi) matin et a été hospitalisée. » Me Lefèbvre ne cache d’ailleurs pas que le mal ayant frappé sa cliente, une dame de 92 ans, est peut-être en lien avec la comparution du couple qui l’a complètement dépouillée. En l’espace de huit ans, de 2009 à 2016, la mamie a perdu toutes ses économies. Soit un peu plus de… 125 000 euros ! Mais le couple est poursuivi uniquement sur les trois dernières années, à cause de la prescription. Du coup, la victime ne peut récupérer, au mieux, que 27 000 euros.
Le couple ? Angélique et son mari Janique. Ses ex-voisins. Jeanne (prénom modifié) est d’autant plus meurtrie qu’elle considérait Angélique comme sa fille. Angélique disait aussi que Jeanne était sa « seconde mère ». La victime et la prévenue se connaissent depuis toujours. « Elle m’a gardée et élevée quand ma maman travaillait », ânonne la quadra. La nonagénaire, veuve et sans enfants, a fini par donner procuration à Angélique et son époux.
Au départ, il n’y a pas volonté de dilapider les comptes. « Mais on a eu des soucis d’argent : on n’arrivait plus à rembourser l’emprunt de la maison et on avait plein de crédits à la consommation », avance Angélique.
« Obligée de lire à la bougie »
La présidente du tribunal et l’avocat de Jeanne relèvent toutefois des dépenses autres : l’achat d’un vélo pour la fille du couple et un week-end à Disneyland Paris. Angélique et Janique ont même osé aller à un concert de Christophe Maé… « J’aurais préféré qu’ils aillent voir Céline Dion à Las Vegas. On aurait su au moins où était passé l’argent. Mais là, c’est panier percé », riposte Me Genoux pour le couple. L’avocat dit que ses clients, de modestes employés, sont incapables de gérer leur argent. « Ils ont un problème pathologique avec ça. »
La vice-procureure préfère retenir la situation inextricable dans laquelle s’est retrouvée Jeanne. Car elle a été frappée d’un interdit bancaire et EDF a failli lui couper le courant ! En raison de son grand âge, elle a continué à avoir de l’électricité. Mais le strict minimum. « Cette pauvre femme a été obligée de lire à la bougie ! », tonne Emily Bandel. La foudre s’abat sur les prévenus. Emily Bandel, toujours : « C’est un couple de vautours, de vampires. Ils ont sucé le sang de la victime jusqu’à la dernière goutte. C’est abject ! » D’autant que la mamie, malgré ses économies de toute une vie, ne roule pas sur l’or. Quelque 800 euros de pension mensuels et, de temps en temps, des revenus liés à un fermage.
L’abus de faiblesse ne paye pas. Angélique écope de huit mois de prison ferme et de seize autres avec sursis. Son mari, moins impliqué, est sanctionné de 16 mois avec sursis. Ils sont condamnés à verser 27 000 euros à Jeanne. Au cours des débats, Angélique avait soufflé : « Je rembourserai tout ce que je pourrai… »
Grégory Ingelbert (Le Républicain Lorrain)