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Le plan de bataille pour l’Est préparé depuis Metz


Effervescente au centre opérationnel de la zone de Défense Est à Metz. De là sont gérées toutes les actions militaires concernant l’Est de la France. (Photo : RL)

La France en guerre ? On en prend l’ampleur au centre opérationnel militaire de la zone Est, à Metz. De là sont gérées la projection des troupes et la protection du secteur à l’approche des très fréquentées fêtes de fin d’année.

Une trentaine d’ordinateurs, une télé murale branchée sur BFM TV, des horloges heure locale et heure zoulou, des cartes projetées sur les murs et une fébrilité palpable.

Nous sommes à Metz, dans le centre opérationnel de la zone de Défense Est. Un open space exigu où fourmille une quinzaine de personnel interarmées. Sécurité oblige, impossible de localiser précisément ce lieu ouvert pour la première fois aux médias en pleine crise. La configuration d’une France en guerre y est palpable plus qu’ailleurs. De cette pièce est gérée la projection de troupes et la protection de ce territoire de 5 régions (Alsace, Lorraine, Champagne-Ardenne, Bourgogne et Franche-Comté) et 18. Le tout en lien avec Nacer Meddah. Le préfet de la zone de défense et de sécurité Est bénéficie, à Metz aussi, du même type de centre pour les forces de sécurité intérieure.

En ce milieu d’après-midi, le général Jean-Louis Paccagnini, à la tête de cette zone d’une trentaine de régiments et de cinq bases aériennes, assiste au point de situation quotidien minutieusement préparé. Tous les faits marquants des vingt-quatre dernières heures lui sont présentés via un diaporama commenté.
Les marchés de Noël étroitement surveillés

L’intensification des frappes sur Daech, le rapprochement avec la Russie, les opérations policières à Saint-Denis, la crainte de la détérioration des relations intercommunautaires, les baisses d’activité des réseaux sociaux et de l’économie parisienne, la désinformation pratiquée par Daech via la diffusion de fausses photos ou l’action des internautes d’Anonymous sur les réseaux de communication de l’État islamique, tout y passe.

Suit la partie opérationnelle. Sa zone fournira à l’opération Sentinelle de protection du territoire 3 200 des 10 000 militaires exigés par le chef de l’État.

« On a ce qu’il faut en protection balistique pour nos hommes ? », s’enquiert le général, rassuré par la réponse affirmative. Reste à déterminer avec le ministère de l’Intérieur le théâtre de projection des 2 500 militaires encore à déployer. Pour l’heure, Paris concentre le gros des troupes. Mais une forte demande commence à poindre en province. À l’évocation des deux millions de visiteurs du marché de Noël de Strasbourg, le général, arrivé récemment en Lorraine, tique. Pour l’instant, seulement 500 soldats sont postés dans l’Est.

Un renforcement est à l’étude : « Nous avons identifié deux particularités : la surveillance des secteurs frontaliers et celle des marchés de Noël ». Plus largement, toute la philosophie de Sentinelle va être repensée : « Jusque-là, la surveillance se concentrait sur les lieux de culte ou stratégiques. Mais l’ennemi s’est adapté et a frappé là où nous ne montions pas la garde, dans des lieux festifs. L’idée est d’être plus en conformité avec nos modes d’actions militaires. » Signe de la gravité de la situation, la question des moyens n’en est plus une. « Le recrutement de 11 000 militaires est en cours. D’ici là, la période va être un peu difficile. On va opérer au détriment de l’instruction, des permissions ou d’un engagement ailleurs. Mais je ne connais pas un soldat qui se pose des questions au moment de protéger son pays. Plusieurs réservistes se sont d’ailleurs proposés », précise le général avant de s’éclipser. Une visio-conférence avec quatre préfets sur la surveillance des marchés de Noël l’attend…

Philippe Marque (Républicain Lorrain)

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