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Zut, on a calé

Volkswagen ayant installé des dispositifs désactivant les systèmes de contrôle antipollution, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a condamné l’entreprise à lui verser une amende de 120 000 dollars. Pardon, je précise : c’était en 1973.

Eh oui, cela fait des décennies que les constructeurs automobiles nous enfument. Aux États-Unis, a récemment rappelé le New York Times, la triche a débuté dès l’encadrement des émissions des automobiles dans les années 70. Et l’EPA ne s’attaquait pas qu’aux voitures étrangères : en 1972, Ford a dû payer une amende de 7 millions de dollars pour avoir effectué une maintenance constante de ses véhicules de tests, qui ne reflétaient donc pas du tout un usage normal. En 1974, c’est Chrysler qui doit rappeler 800 000 véhicules également équipés de systèmes de fraude…

Une fraude qui a poursuivi sa route, en roue libre, jusqu’à ce fumeux scandale VW qui devrait faire tache d’huile. Comme par miracle, on découvre dans la presse certaines pratiques «secrètes» des constructeurs lors des tests : ceux qui obstruent avec de l’adhésif les entrées d’air pour améliorer l’aérodynamisme de leurs voitures, ceux qui utilisent des superlubrifiants ou démontent les banquettes arrière pour alléger le véhicule…

De toute façon, que risquent-ils ? Les dirigeants, pas grand-chose, et les groupes, des amendes gérables, même si celle de Volkswagen s’annonce salée.

Alors, faut-il l’envoyer à la casse, le monstre automobile ? Bien sûr que non. Il y a quand même de quoi les aimer, ces satanées bagnoles ! Rappelez-vous de vos premiers road trips, pensez à l’aventure du sport automobile, et à cette fantastique invention qui est un témoin historique du progrès.

Mais justement : tous ces scandales nous font sérieusement douter de l’industrie automobile et de son attachement au progrès. Les ingénieurs peuvent aujourd’hui tutoyer l’atome, mais n’arriveraient pas à nous pondre autre chose que des usines à gaz ? L’industrie automobile aurait donc calé à cause de normes trop méchantes, comme le plaidait sans rire notre ministre de l’Économie lors d’une récente interview ? Permettez-moi de tousser…

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)

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