C’est un devoir citoyen ou bien un droit, peut-être même les deux. Voter permet de donner sa voix, de participer au fonctionnement du pays. D’autres diront que cela donne le droit de critiquer les personnes au pouvoir. Bref, c’est important de voter, à condition de pouvoir comprendre de quoi l’on parle. Prenons l’exemple des prochaines élections communales, et au hasard, le cas d’un électeur de nationalité étrangère.
Les politiques de tous bords, ou presque, diront que c’est une avancée démocratique pour le pays de pouvoir donner une voix aux résidents étrangers. Mais depuis quelques semaines, on s’aperçoit que les résidents étrangers ne se sont pas précipités pour s’inscrire sur les listes électorales malgré une campagne publicitaire assez bien faite. Faut-il en conclure que les résidents étrangers, soit 48 % de la population, sont moins concernés par l’avenir du Luxembourg? Le problème est peut-être ailleurs. S’il est extrêmement facile de s’inscrire sur les listes électorales, il est beaucoup plus difficile de comprendre les programmes des partis politiques du pays. En effet, que ce soit les tracts, les programmes politiques ou même les sites internet des partis, les langues étrangères sont très peu utilisées. À partir du moment où il est compliqué de comprendre le programme et les propositions de la personne qui se présente pour nous représenter, il devient difficile d’y apporter sa voix.
Car même en faisant l’effort de comprendre le luxembourgeois dans la vie de tous les jours, saisir un programme électoral est d’un autre niveau. Déjà dans sa langue natale, ce n’est pas toujours évident. Alors entendre des politiques qui se disent déçus de la faible participation des résidents étrangers dans la vie politique du pays fait un peu sourire. Car même si, de façade, des gestes sont faits envers les résidents étrangers, dans le fond, peu de partis souhaitent vraiment les voir participer, sans doute par crainte d’assister à la naissance d’une nouvelle force de décision au sein de la population, rebattant complètement le paysage politique luxembourgeois. Une façon de garder sous silence une minorité grandissante tout en faisant bonne figure, bref, de faire de la politique.
Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)
Pas trop d’accord avec votre analyse, Jeremy. Beaucoup de résidents étrangers n’en ont tout simplement rien à cirer et trouvent très confortable de ne pas s’en mêler : finalement les choses ne vont pas si mal, laissons faire les « indigènes »…
La première communauté étrangère, ce sont les Portugais (34% de la population non-luxembourgeoise) qui s’intéressent plus à ce qui se passe politiquement à Lisbonne qu’à Luxembourg. Et si les partis politiques devaient faire un effort de marketing, ils devraient prioritairement faire passer leurs messages électoraux en portugais, deuxième langue parlée par les résidents après le luxembourgeois…mais ça ne devrait pas changer quelque chose.
Si on met ensemble les communautés française, italienne, belge et allemande, on arrive aussi à +/- 35%. C’est probablement dans ce segment que l’on devrait trouver un minimum de motivation pour la chose électorale, en particulier chez les « francophones » (belges + français) soit +/- 23 % des étrangers résidents. Mais allez demander aux Français de voter alors qu’ils battent les records de non participation dans leur pays. Et les Belges sont trop contents d’échapper à l’obligation de voter de rigueur en Belgique (NB, je suis Belge et me suis inscrit sur les listes électorales lol)
Non, ce n’est pas un problème de lisibilité des programmes des différents partis mais une confortable indifférence. Une minorité silencieuse (bientôt majoritaire) et qui entend le rester…