C’était plus qu’attendu, mais la confirmation est tombée lundi : Nicolas Sarkozy sera bien candidat à l’élection présidentielle française de 2017. S’il remporte les primaires de la droite et du centre, pour lesquelles l’ancien Premier ministre Alain Juppé fait figure de principal concurrent, il sera donc pour la troisième fois d’affilée candidat à la fonction suprême. Nul doute que le citoyen lambda ne sera guère enthousiasmé par une telle perspective. D’autant plus qu’il y a également de fortes chances pour que François Hollande se représente.
Mais la donne a changé depuis 2012, quand un duel Sarkozy-Hollande pour le second tour était l’hypothèse la plus probable. Le but des deux hommes au printemps prochain consistera essentiellement à terminer second du premier tour – derrière Marine Le Pen, selon toute vraisemblance – pour être élu par la suite dans un fauteuil face à la chef de file du Front national.
Il s’agit ici d’un scénario réglé comme du papier à musique. Mais il arrive parfois que la mélodie s’enraye et seule Marine Le Pen pourrait dans ce cas en tirer avantage.
Affronter les deux anciens chefs de l’État est pour elle le meilleur des scénarios possibles. Dans une telle perspective, elle n’aurait quasiment pas à faire campagne. Sarkozy reprend ses thèmes de prédilection (sécurité, identité, autorité) et lui déroule le tapis rouge. Face à Hollande, elle n’aura qu’à critiquer un bilan peu flatteur – tout comme celui de son prédécesseur.
Si sa présence au second tour en 2017 est actée, les partis de gouvernement auraient tort de minimiser les chances de victoire de Marine Le Pen. En 2002, les électeurs de gauche avaient massivement voté en faveur de Jacques Chirac pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen. Il n’est pas évident aujourd’hui qu’ils soient prêts à glisser un bulletin «Sarkozy» dans l’urne. Les électeurs de droite – et beaucoup d’électeurs de gauche – seront quant à eux plus que réticents à voter Hollande. Quel que soit le scénario, il est déjà possible de désigner presque à coup sûr le vainqueur de la présidentielle de 2017 : l’abstention.
Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)