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Un procès ridicule

Demain s’ouvrira le procès des lanceurs d’alerte de l’affaire LuxLeaks, à Luxembourg. En pleine affaire des Panama Papers, alors que le Grand-Duché est une nouvelle fois montré du doigt, avec insistance, pour sa place financière, deux lanceurs d’alerte et un journaliste qui ont révélé certaines de ses pratiques devront répondre de leurs actes devant le tribunal. Une très belle publicité pour le pays, qui aime à se démarquer de ses voisins quand il s’agit de certaines libertés.

Depuis plus d’un an, le Luxembourg tente de se reconstruire, de s’acheter une virginité aux yeux du monde. Personne n’est dupe, bien entendu, car la toute-puissance de sa place financière ne saurait exister sans une certaine expertise. Mais les tentatives de «nation branding», ou devrait-on dire de «nation rebranding», paraissent bien vaines devant l’impunité, pour ne pas dire la cécité, de ce secteur qui se croit tout permis. La tournée des grands-ducs des membres du gouvernement, qui rassurent à tour de rôle leurs homologues étrangers, n’est que de la poudre aux yeux, payée par les contribuables. Car en coulisses, les pratiques les plus douteuses se poursuivent.

Le mal est fait, les documents de PriceWaterhouseCoopers ont été rendus publics, grâce à Antoine Deltour et Raphaël Halet, grâce au journaliste Édouard Perrin, dont la rigueur et le professionnalisme ne cessent d’être loués.

À quoi bon les poursuivre en justice sinon pour se couvrir un peu plus de ridicule ? Pour l’exemple ? Pour dissuader d’autres salariés de révéler ces secrets qui n’en sont plus depuis qu’Ernest Backes et Denis Robert ont révélé l’affaire Clearstream ? Ce serait bien vain, car l’exemple ne saurait faire peur ceux qui croient en l’équité.

Le procès des lanceurs d’alerte ne protègera pas le secteur financier, il ne fera que jeter un peu plus l’opprobre sur celui-ci. PwC, qui s’entête à vouloir régler ses comptes, va perdre la face. Avec la morgue et l’arrogance de ceux qui croient être dans leur bon droit quand le monde entier leur dit qu’ils se trompent.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)

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