Un peu de pragmatisme

La nuit du nouvel an à Cologne et son lot de plaintes a suscité l’émoi. Des hordes de jeunes hommes, principalement des demandeurs d’asile, s’en sont pris à de jeunes Allemandes qui évoluaient dans l’espace public. Un scandale qui est pain bénit pour les milieux d’extrême droite : ils nous l’avaient bien dit, eux, que les migrants allaient venir violer nos femmes et enfants et semer la pagaille. Ce sordide fait divers serait donc la preuve qu’ils avaient raison et que le gouvernement allemand a fait une grave erreur en invitant ces migrants à venir en Allemagne. Ces groupes extrémistes en viendraient presque à défendre la cause des femmes, d’extrême droite à féministe, il n’y a désormais qu’un pas.

Sauf qu’on se doute évidemment bien que ces derniers se fichent pas mal du droit des femmes, et que l’exploitation de ces agressions n’a pour seul but que de mettre dans le même sac les agresseurs et le reste des réfugiés. L’amalgame est tentant. Des voix se sont élevées parmi les réfugiés eux-mêmes pour que ces agressions ne restent pas impunies, mais aussi et surtout pour que l’accueil si généreux des Allemands ne reste pas vain. Qu’importe l’origine des agresseurs après tout, ils devraient faire face à la justice du pays qui les accueille. S’ils sont assez stupides pour fuir la guerre et agresser à leur tour, ils ne doivent pas échapper aux conséquences de leurs actes. Mais qu’on ne s’y méprenne pas. Les agressions contre les femmes sont légion en Europe, il ne faudrait pas l’oublier. Avec ou sans la présence de migrants.

Certes, ce fait divers a interpellé l’opinion au vu de l’ampleur du nombre d’agresseurs et de victimes en une seule soirée. Le propre de l’intégration, c’est de considérer les migrants comme des personnes à part entière, avec des droits, mais aussi des devoirs. Que ce soit à Cologne ou à Stockholm, là où d’autres incidents ont été déplorés. Il est temps de dépasser les antagonismes et le politiquement correct et de faire tout simplement preuve de pragmatisme.