La déclaration sur l’état de la Nation du Premier ministre, Xavier Bettel, va-t-elle permettre au gouvernement de rebondir ? Ou est-ce que les partis de l’opposition vont-ils se voir confirmer que la coalition tricolore est arrivée au bout du rouleau ? La seule certitude est que ce grand oral annuel sera applaudi par les partis de la majorité et fustigé par les partis assis sur les bancs de l’opposition, peu importe son contenu.
En principe, la marge de manœuvre est présente pour repartir de l’avant. L’impact de la crise sanitaire sur les finances publiques est resté plus limité que redouté. À défaut de pouvoir réaliser (et financer) une réforme fiscale globale, il demeure urgent de procéder à des adaptations ponctuelles du système d’imposition. La lutte contre les inégalités sociales ne peut pas attendre 2023 pour être attaquée de front. La seule réindexation des allocations familiales ne sera pas suffisante pour éviter aux ménages à bas revenu de tomber sous le seuil de pauvreté. Refiler la patate chaude à un prochain gouvernement est tout simplement irresponsable.
La crise du logement est étroitement liée à l’augmentation du risque de pauvreté. Un petit pas pour lutter contre la spéculation foncière a été annoncé lors du discours sur l’état de la Nation de 2020. En attendant la réforme de l’impôt foncier, attendue au mieux pour 2023, l’introduction d’une taxe spécifique sur la spéculation constituerait le genre d’annonces qui permettrait au gouvernement de redorer son blason. Il reste à savoir si ce genre de coup est encore possible entre trois partis qui ont (déjà) les yeux rivés sur le prochain scrutin.
Des annonces concrètes pourraient aussi permettre d’apaiser un tant soit peu les tensions provoquées par les nouvelles restrictions anti-covid. La communication agressive du Premier ministre et de la ministre de la Santé peut se justifier d’un point de vue sanitaire. L’approche est toutefois risquée. La CGFP est le premier acteur de poids à se positionner contre la généralisation du Covid Check. Le Conseil d’État va-t-il en faire de même ?
C’est donc dans un contexte particulier que le Premier ministre va s’exprimer cet après-midi. L’équilibre sociétal ne doit pas être fragilisé davantage.
David Marques