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Un mauvais film policier

Le monde de la sécurité, privée ou publique, est friand de nouvelles technologies : caméras de plus en plus petites et perfectionnées qui poussent un peu partout, utilisation d’algorithmes pour tenter de prévenir les actes criminels par avance (cela existe à Chicago depuis 2013 par exemple), et donc caméras posées sur le torse des policiers pour permettre de suivre une intervention et de documenter bien souvent une enquête (nous vous laissons le choix de la personne concernée par cette enquête, le policier ou le contrevenant).
Mais, ne nous leurrons pas, ces différentes nouveautés ne sont pas là pour faire disparaître la criminalité, ce ne sera jamais totalement le cas. Concernant les fameuses bodycams, essayer de transformer la peur de l’uniforme en peur de la caméra peut paraître surprenant et démontre une bien curieuse évolution de notre société. Cela marchera-t-il? La petite caméra placée sur le torse des policiers intimidera peut-être ceux qui peuvent commettre des incivilités ou des refus d’obtempérer… mais pas sûr que ces individus remarquent l’objectif s’ils sont ivres morts par exemple et qu’ils s’agitent en menaçant les policiers et la terre entière.
Prenons l’exemple des États-Unis, les bodycams sont quasiment devenues la norme. Et on ne peut pas dire que cela bloque les délinquants les plus chevronnés qui, se voyant filmés, se figeraient subitement ou deviendraient doux comme des agneaux. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les vidéos issues de ces caméras diffusées sur les plateformes internet. Les images sont d’une violence inouïe et on voit bien que la caméra est le dernier des soucis des voyous qui n’hésitent pas à sortir revolver, couteau ou même à jouer des poings avec les agents devenus réalisateurs de téléréalité. Des «best of» classés mois par mois sont même disponibles. Pas sûr que les caméras devaient servir à ça à l’origine. Aujourd’hui, ces images de bodycam ont seulement le mérite de montrer la complexité du métier de policier de l’autre côté de l’Atlantique et de nourrir les vidéothèques des télés locales en images ultraviolentes.

Laurent Duraisin

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