Les images font froid dans le dos. En pleine nuit, un chien mord une personne allongée sur le sol qui se débat et des personnes alentour qui essayent de faire lâcher prise à l’animal pendant de longues secondes. Peu importe ce qu’a pu faire cet individu, personne ne mérite de vivre cette situation au milieu de la rue. La scène a été filmée par un témoin. La vidéo, mise en ligne, a fait rapidement le tour des réseaux sociaux. Et une avalanche de commentaires ont suivi, comme presque à chaque fois avec ce type de fait divers.
Le maintien de l’ordre sur la voie publique n’est pas facile. C’est un métier. Un métier qui s’apprend pendant de longs mois, voire des années. Un métier qui applique des méthodes très particulières, qui s’appuie sur l’expérience de terrain, qui est encadrée par une déontologie, une hiérarchie, des garde-fous, la loi. La mise en place de vigiles dans les rues du quartier Gare par l’administration communale de la capitale répondait à un besoin de sécuriser rapidement le secteur. Il fallait aussi répondre aux habitants qui pressaient l’Hôtel de ville d’agir. Mais n’a-t-on pas envoyé ces équipes de vigiles au beau milieu d’une situation bien trop complexe pour elles?
Plaque tournante de la drogue, toxicomanes nombreux à prendre leur dose où ils peuvent malgré l’Abrigado, délinquance forte, violences, haut lieu de la prostitution… Le tableau du quartier Gare est sombre et cela fait des décennies que ça dure. Les habitants méritent mieux, tout comme les personnes qui y travaillent. Le quartier Gare de la capitale ne sera jamais un quartier comme les autres. C’est évident. Mais il serait grand temps que le gouvernement et les autorités communales (majorité et opposition), quelle que soit leur couleur politique, laissent de côté leurs différences pour proposer un véritable plan d’avenir à ce secteur de la capitale qui reste embourbé dans ses problèmes. Une situation qui ne changera pas simplement en faisant patrouiller des vigiles dans les rues pour appuyer les forces de police. Ne rêvons pas : les problèmes du quartier Gare ne seront pas résolus en une semaine, mais il faudra un front uni pour au moins les combattre plus efficacement.
Laurent Duraisin