Jeudi et vendredi se tenait à Milan une jolie petite réunion de famille. Un petit groupe d’eurodéputés appelé Europe des nations et des libertés (ENL) y tenait sa première convention. On y retrouvait, entre autres, des membres du Front national français, du FPÖ autrichien, de la Ligue du nord italienne ou encore du Parti pour la liberté (PVV) néerlandais, une sorte d’«internationale nationaliste» en somme. Leur but : mettre fin à l’Union européenne pour redonner leur souveraineté aux États membres qui pourraient ainsi fermer les frontières pour contrôler l’immigration et faire face au danger de «l’islamisation» du continent. Charmant programme, n’est-ce pas?
Aujourd’hui composé de 38 eurodéputés, ce groupe sera à n’en pas douter beaucoup plus nombreux après les prochaines élections européennes en 2019. C’est aujourd’hui une évidence, c’est bien l’extrême droite qui est la force politique en expansion en Europe, à l’exception peut-être de l’Espagne et du Portugal. Si elle n’est pas au pouvoir, c’est elle qui dicte les termes du débat politique en y imposant ses thèmes de prédilection. Il suffit de prendre l’exemple de la France. Les discussions autour de la déchéance de nationalité, qui n’a absolument aucun intérêt dans la lutte contre le terrorisme, font la une de la presse, alors que la crise du logement, qui toucherait directement ou indirectement 15 millions de personnes, selon la Fondation Abbé-Pierre, est à peine évoquée par les responsables politiques.
Le collectivisme à la mode soviétique a été un échec sanglant et retentissant. Le libéralisme à la mode Thatcher et Reagan n’est pas non plus une réussite, surtout si l’on prend en compte le péril climatique, ce qui n’empêche pas les institutions européennes de fonctionner avec ce logiciel daté. Quand un pays comme la Grèce a essayé de le rendre un peu plus humain, il a été humilié. D’aucuns se diront qu’il ne reste donc plus que l’extrême droite. Mais il y a un petit hic : l’expérience a déjà été tentée et a mené à une catastrophe mondiale. Il va vraiment falloir trouver autre chose.
Nicolas Klein