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Toujours à court terme

Les catastrophes naturelles ont tué quelque 600  000 personnes en vingt ans, a annoncé hier l’Organisation des Nations unies. À une semaine de la conférence de Paris sur les changements climatiques (COP 21), le choix de communiquer sur les victimes du dérèglement climatique n’est pas un hasard, alors que l’exercice s’annonce déjà comme un échec retentissant. Les participants au sommet, traumatisés par les attentats de Bamako, Beyrouth, Paris ou Charm el-Cheikh, ont déplacé le curseur de leurs priorités sur la sécurité. Une prise de conscience nécessaire, mais tardive.

Comme la gestion du réchauffement climatique, celle de la sécurité n’est pas une affaire de court terme. À gouverner pour mieux durer, les décideurs de ce monde en oublient souvent que les seules politiques qui fonctionnent sont celles qui s’inscrivent dans le temps. En matière de climat comme de sécurité, quelques mesures spectaculaires, quelques états d’urgence ne sauraient colmater les brèches. La panique bruxelloise est la parfaite illustration de ce court terme, de ce laisser-aller ne disparaissant que face à l’urgence.

Lundi commencera la COP 21. Elle doit régler, en un mois, les problèmes de réchauffement climatique, limiter la hausse des températures à deux degrés d’ici la fin du siècle. Elle doit régler, en trente jours, deux cents ans d’anarchie industrielle, d’excès consumériste sous prétexte de croissance forcée. Et, déjà, nombreux sont les pays à prévenir qu’ils feront de leur mieux, mais sans mettre à mal leur économie ou leur confort.

À trop être gouverné dans l’urgence, le monde souffre. Souffre de l’insuffisante projection dans le temps. Les milliers de prévisionnistes, d’analystes ou de services de renseignement n’ont de cesse d’annoncer les cataclysmes. Mais rien n’y fait, les gouvernements préfèrent souvent soigner plutôt que vacciner. Avec cynisme, on pourrait croire que c’est parce que cela se voit plus, et que les électeurs aiment ce qui se voit. Mais ce serait accorder trop de crédit à des élus par trop souvent dépassés.

Christophe Chohin

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