Tapis dans l’ombre

Comment les États membres de l’Union européenne vont-ils répondre à cette (nouvelle) crise? Le drame humain des migrants prend des proportions sans précédent. Chefs d’État et responsables européens ont un devoir de réaction. Mais trouver une solution rapide, efficace et permettant un traitement humain de ces centaines de milliers de déplacés convergeant vers l’eldorado européen ne sera pas simple. Les débats s’annoncent longs et houleux entre les différents partenaires et il sera difficile de contenter tout le monde.

Tapies dans l’ombre, d’autres forces politiques attendent patiemment que les tergiversations de la Commission européenne et des États membres de l’Union européenne transforment la situation déjà compliquée en véritable chaos. Certaines de ces forces cherchent une respectabilité et, malgré leur dégoût de la démocratie et du pluralisme politique, se sont constituées en partis. Elles battent le rappel de leurs troupes à chaque élection. Et, à chaque échéance électorale, elles gagnent du terrain.

Et si le processus démocratique ne permet pas à ces idées de s’imposer, il suffit simplement à ces partis de souffler sur les braises tout en se drapant dans une indignation surjouée quand le feu devient incontrôlable. Oubliés, pour l’instant, la crise grecque ou l’euro, place maintenant à la crise migratoire pour tenter de glaner des voix et mobiliser les foules désireuses de chercher le bouc émissaire de tous leurs problèmes!

En Allemagne, déjà, des manifestations violentes de crânes rasés ont touché la commune de Heidenau, près de Dresde. Ragaillardies par l’inquiétude grandissante d’une partie de la population, un millier de personnes ont attaqué la police pour protester contre l’ouverture d’un foyer pour réfugiés. Aux manettes de ce rassemblement, le parti néonazi NPD. La manifestation s’est transformée en bataille de rue. Logiquement. Malheureusement, ces scènes vues ce week-end outre-Moselle risquent d’être un simple prélude à ce qui attend le continent européen ces prochains mois. À moins d’un sursaut. Les prochains mois seront cruciaux.

Laurent Duraisin