Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Les Britanniques ont gagné un peu d’air frais cette semaine, au moins les projecteurs ne sont plus braqués sur eux et leur vote de juin dernier qui les a plongés dans l’embarras. Les pro-Brexit pensaient que le Royaume-Uni gardait une grande importance hors de l’Union européenne, pourtant ce n’est pas le premier pays que le nouveau président des États-Unis a appelé. Dommage pour cette petite île qui découvre au fil des mois que finalement les choses seront plus difficiles que prévu.
Pour les Britanniques qui regrettent la sortie future de l’UE, il reste l’eurodéputé luxembourgeois Charles Goerens. Il compte déposer une proposition de loi pour une «citoyenneté associée» à l’Union européenne, qui pourrait permettre aux Britanniques qui le souhaitent de continuer à bénéficier de la liberté de circulation et d’installation dans les États membres de l’Union. Garantir l’appartenance européenne : les pro-Brexit sont furieux et ont déjà fustigé l’eurodéputé pour vouloir ainsi diviser les Britanniques.
Vraiment ? Il se trouve au contraire que Charles Goerens est plutôt généreux avec ces derniers. Après tout, la réciprocité ne serait pas vrai, et les Européens qui vivent au Royaume-Uni n’ont eux aucune garantie qu’ils pourront y rester une fois l’article 50 du traité sur l’Union européenne dégainé. Alors pourquoi l’UE ferait-elle un tel cadeau aux Britanniques ? Si ces derniers ont une porte de sortie sur un plateau d’argent, il n’y aura plus de raisons pour ne pas adopter un Brexit dur et ainsi avoir ce qu’ils ont toujours voulu : fermer leurs portes, mais permettre par contre à leurs propres ressortissants d’aller à leur guise dans l’UE.
Évidemment, il s’agit sûrement pour Charles Goerens d’une main tendue à tous les Britanniques qui n’ont pas voté pour le Brexit et ceux qui ont voté mais qui s’en mordent déjà les doigts. La main tendue du Luxembourgeois risque de ne pas trouver beaucoup d’écho auprès des autres parlementaires européens, tant l’Union veut faire bloc pour que la petite île assume et accepte les termes d’une sortie aussi hasardeuse qu’elle soit.
Audrey Somnard