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Révolution !

La France en révolte : sans présumer l’issue des choses, ce n’est pas de la grève des fonctionnaires et des cheminots d’aujourd’hui dont on parle. Afin de dire leur refus de voir la fonction publique se réduire comme une peau de chagrin, les syndicats ont toutefois choisi une date symbolique pour battre le pavé parisien.

Ce 22 mars marque jour pour jour le début du mouvement étudiant de 1968 en France, qui culminera en mai sur les barricades. Après 1967 et son «été de l’amour», 68 est marquée par les révoltes et les violences. Martin Luther King est assassiné à Memphis et le Printemps de Prague écrasé par les chars soviétiques. En France, le feu prend le 22 mars avec l’occupation de la fac de Nanterre par des étudiants protestant contre l’interpellation de camarades qui manifestaient contre la guerre du Viêt Nam. Parmi eux, Daniel Cohn-Bendit, un étudiant allemand, incarnera le visage de Mai 68, une révolte qui fut d’abord celle de jeunes issus des classes moyennes.

Ils voulaient briser le carcan gaulliste, prônaient la liberté sexuelle et appelaient les ouvriers à rejoindre leur «révolution», ce qui se produisit effectivement. Cette convergence entre intellectuels et travailleurs desserra les conservatismes de la société française et aboutit à de conséquentes hausses salariales pour tout le monde.

Aujourd’hui, à Nanterre, la mixité sociale est bien plus grande qu’elle ne l’était en 1968. Mais à peine 250 étudiants ont suivi la dernière AG contre la réforme de l’admission à l’université. Au plein-emploi a succédé la compétition. Les étudiants adoptent «des stratégies individuelles de réussite et sont donc moins enclins à participer à des mouvements collectifs pour acquérir des droits nouveaux», constate la sociologue Julie Le Mazier. La course à la réussite personnelle a surclassé les utopies collectives.

À 70 ans passés, Dany le Rouge aussi a laissé tomber, troquant ses élans libertaires pour le costume de conseiller officieux d’Emmanuel Macron, dont il admire le «côté transgressif». Il n’est pas le seul ancien leader soixante-huitard à penser de la sorte. Le «joli mois de mai» est bel et bien un lointain souvenir.

Fabien Grasser

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