À bientôt une semaine du second tour de la présidentielle, nos voisins français se déchirent sur la question de faire barrage au Front national. Le débat commence notamment à prendre de l’ampleur entre ceux qui ont décidé de voter contre Marine Le Pen et les autres. Ceux qui refusent de choisir entre un parti d’extrême droite et un candidat fabriqué de toutes pièces par une partie de l’élite française et des groupes de presse qui accompagne cette dernière.
Il est en effet permis de se demander dans quelle mesure l’incroyable complaisance des principaux médias français envers Emmanuel Macron a encouragé, voire en grande partie créé l’adhésion de l’opinion à la campagne d’En marche!.
L’ancien ministre peut dire ce qu’il veut, son parcours incarne à lui seul les collusions entre le monde politique et les grands intérêts financiers. Rien de mieux, lorsqu’on est porté par le système, que de se déclarer antisystème pour se refaire une virginité. Que le diplômé de sciences politiques, l’énarque ou encore le banquier puisse se déclarer antisystème est une chose, mais que cette information soit relayée par une grande majorité des médias en est une autre.
Les exemples depuis des mois du façonnement du candidat parfait pour l’opinion sont légion. Il suffit d’ailleurs de regarder les noms des patrons de presse qui soutiennent Emmanuel Macron pour comprendre le phénomène.
L’ancien banquier n’a en effet rien d’un candidat spontané. Ses soutiens, dont on voit bien qu’ils émanent autant de la gauche que de la droite – pourvu qu’ils émanent de l’élite – considèrent tous que Macron constitue le candidat parfait pour continuer à promouvoir leurs intérêts. Un «libéral» contrôlable et docile qui permettrait à la technostructure française de continuer à conserver les fondamentaux d’un système en place depuis des dizaines d’années.
Voter pour Emmanuel Macron c’est peut-être faire barrage à Marine Le Pen, mais c’est également continuer à cautionner un système qui veut dicter au peuple ce qu’il doit penser et pour qui il doit voter. Alors laissons à ceux qui le souhaitent la possibilité de ne pas participer à l’élection annoncée d’un candidat préfabriqué.
Mathieu Rosan