Priorité aux Européens

La crise des migrants n’a pas fini de s’étendre, alors que la Syrie s’enfonce dans l’horreur et que les passeurs intensifient les traversées de radeaux de fortune sur la Méditerranée en extorquant les candidats à l’exil. Après les vidéos sur les ravages subis par l’hôpital d’Alep, on ne peut que comprendre le désespoir des migrants, pour qui l’option libanaise ou jordanienne est interdite pour cause de saturation.

Amnesty International dénonçait il y a deux jours la léthargie des pays riches, en particulier les Européens, peu empressés à accueillir leur part de migrants sur leur sol. Angela Merkel est d’ailleurs en train de payer le prix politique d’un courage qu’elle a été bien seule à porter sur le continent.

L’organisation de défense des droits de l’homme a notamment pointé du doigt les Britanniques, qui, selon elle, n’en font pas assez en la matière, alors que les Français, à Calais, maintiennent encore fermées les vannes pour empêcher les migrants de rejoindre l’île. Et la tendance n’est pas à l’ouverture. Depuis le résultat du Brexit, le Royaume-Uni fait face à un emballement politique anti-immigration. Il ne fait pas exception en Europe, sauf que là, c’est la présence sur son territoire des citoyens européens qui est débattue. Certains voudraient voir partir ces millions de travailleurs qui vivent légalement au Royaume-Uni. La presse fait état de membres du gouvernement qui souhaitent mettre des bâtons dans les roues aux employeurs qui embauchent des étrangers en dressant, dans un premier temps, des listes de ces dites entreprises.

L’un d’entre eux est Liam Fox, le secrétaire d’État au Commerce international, qui marque son hostilité à la présence des travailleurs européens dans son pays, son objectif étant de mettre la pression sur Bruxelles dans les futures négociations sur la sortie de l’île. L’actuel gouvernement veut sans doute caresser dans le sens du poil les électeurs pro-Brexit, mais il oublie sans doute que si de nombreux Européens vivent parmi les Britanniques, le contraire est également vrai. Il faudra trouver autre chose pour faire du chantage à Bruxelles.

Audrey Somnard