C’est l’hymne de nos campagnes et de nos villes désormais : le silence, depuis que près de trois milliards d’individus sont en pause. Repos forcé. Calme assuré. L’agitation urbaine s’essouffle peu à peu, la nature respire en reprenant ses droits et des couleurs. Les voiles opaques s’estompent pour chasser la grisaille de nos ciels redevenus clairs. Les eaux de Venise se font plus limpides. Les mégalopoles asiatiques ne manquent plus d’air. Le vent nouveau arrive sur l’Europe recluse entre ses frontières. Dans cette vie qui tourne au ralenti, les routes se décongestionnent et plus personne ne s’époumone au volant. Les rues n’ont jamais été aussi propres et leurs habitants si écolos. D’aucuns n’ont pas traîné à freiner le rythme de la toilette… («Et alors ? Hormis mon reflet dans le miroir, je ne croise pas un chat de toute façon !»)
Le calme, donc. Et puis l’ennui qui commence à troubler la quiétude un temps retrouvée. Les fourmis dans les jambes. Ça fait bien rire les oiseaux de voir les humains tourner en rond dans leurs cages, se voler dans les plumes dans les rayons des supermarchés. Peut-être même que ça fait chanter les abeilles et danser les écureuils. Le confinement, si ce n’est pas forcément bon pour le moral, c’est au moins bon pour la planète.
Seule ombre au tableau digne d’un Douanier Rousseau : déjà, les feuilles mortes se ramassent à la pelle en ce printemps. Les attestations de sortie ont fleuri dans de nombreux pays. La France vient de pondre une nouvelle bouture. Toujours sur papier, s’il vous plaît! Imprimée ou manuscrite, pourvu qu’on puisse la toucher. Souvent sans prendre de gants… Pas d’imprimante ? Coup de toner ! Voilà une page à recopier qui claque comme une punition. Une par personne, par déplacement et par motif autorisé. Histoire d’en dissuader plus d’un. Mais d’autres prendront encore leur courage à deux mains, s’il le faut, pour pouvoir braver cette forêt d’interdits. À cette allure, on aura déboisé la Terre entière avant la fin des confinements. Allons enfants, soyons raisonnables. Aux arbres, citoyens !
Alexandra Parachini
J’ai trouvé cet article tellement touchant, réel !! Vraiment il décrit tout a fait ce que j’ai ressenti !! Chapeau pour cet article !