S’il existe bien un reproche standard de la part d’un parti d’opposition, c’est celui du «manque de vision». Mercredi, Martine Hansen, cheffe de file du CSV à la Chambre, n’a bien entendu pas manqué de sortir cette critique de son chapeau.
On pourrait maintenant citer l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, selon lequel «celui qui a des visions doit aller chez le médecin», mais il est bien plus intéressant de voir plus loin. Le CSV déplore que le budget de l’État ne comprenne aucune mesure pour encourager le «bien-être» des gens. Le besoin d’une forte croissance économique pour tenir à flot les finances publiques aurait pour effet que les citoyens se trouveraient enfermés dans une «roue de hamster».
Le constat n’est pas faux. On peut en effet reprocher au gouvernement de ne pas vouloir freiner la croissance aveugle. Plus de croissance équivaut à une hausse du trafic, un plus important besoin de logements et un plus grand impact sur l’environnement. Par le passé, la devise du CSV n’était cependant pas bien différente. La responsabilité est certes à partager avec ses anciens partenaires de coalition (LSAP ou DP), mais il est un fait que les responsables politiques ont failli lors des dernières décennies quand il s’est agi de préparer le pays à supporter une croissance annuelle de 3% et plus.
Aujourd’hui, on entend que cette évolution démographique et économique n’était pas prévisible. Le scénario d’un État avec 700 000 habitants se trouve cependant depuis près de deux décennies sur la table. Alors que cette barre n’est toujours pas atteinte, le pays suffoque déjà. Extension du réseau routier et ferroviaire, réalisation d’un tram ou encore construction massive de logements par la main publique : la liste des projets qui auraient dû être entamés il y a 20 ans est longue. L’opposition redoute pourtant que le budget de l’État, instrument pour combler ce retard, soit ficelé de manière trop optimiste. En même temps, les investissements sont jugés indispensables. Où donc faire des économies? La réponse se fait attendre depuis longtemps…
David Marques