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Monsieur 20%

Ce n’est pas le moindre des coups de maître d’Emmanuel Macron que de ravir haut la main le pouvoir exécutif et sûrement législatif dimanche en rassemblant une minorité de l’électorat. Au soir du premier tour de la présidentielle, le dépouillement montrait un paysage divisé en quatre grandes sensibilités politiques: la gauche, la droite néolibérale de Macron, la droite traditionnelle de Fillon et l’extrême droite.

Macron était en tête avec 24 % des suffrages exprimés, représentant 18 % des électeurs inscrits. Au second tour, il raflait 66 % des suffrages grâce au vote anti-Front national, les études d’opinion jugeant que moins de 20 % des électeurs s’étaient prononcés par adhésion à son projet. Mais pour son entourage, ce résultat était le signe d’une victoire écrasante. Même son de cloche lundi, au lendemain du premier tour des législatives dont le fait saillant est une abstention sans précédent sous la Ve République, 51,3 % des électeurs ayant boudé les urnes. Résultat des courses : La République en marche (LREM) obtient 32 % des suffrages exprimés, soit… 15 % des inscrits. Pour François Bayrou, cette désaffection traduit l’«enthousiasme» et l’«optimisme» des Français. Sans blague? Pour sa part, un cacique de LREM parlait lundi d’une «abstention d’adhésion». L’imagination est en marche, l’esbroufe aussi.

L’abstention du 11 juin reflète le sentiment d’un scrutin volé chez une large part des électeurs de gauche comme de droite. Qu’il s’agisse là d’une vue de l’esprit ou non ne change rien à la conviction d’un électorat qui n’accorde plus sa confiance au fonctionnement démocratique. Le nouveau président a su diviser les partis établis dans une situation politique inédite et user de son talent de communicant pour donner l’illusion d’une large adhésion sans jamais réunir plus de 20 % du corps électoral. Joli coup de poker. Sauf que gouverner 60 millions d’habitants n’a rien d’un jeu. Discréditer la démocratie et faire fi de l’opinion de 80 % des électeurs présage mal de la sincérité de Macron quand il promet d’assurer «l’unité de la nation» et de se battre «contre la division qui nous mine».

Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. Purée Fabien, en quoi Macron discrédite-t-il la démocratie ? En quoi fait-il fi de 80% des électeurs ? Que doit-il faire ? Démissionner ? Je ne suis pas un fan de Macron mais il n’est pas responsable de cette situation : c’est le système électoral français qui l’est, en empêchant notamment une représentation proportionnelle. Il n’y a pas de coup de poker et n’importe quel autre candidat qui aurait été élu à la place de Macron serait à +/- 20 % non ? C’est le système à la française qu’il faut critiquer, pas Macron qui n’y est pour rien. Mais si on change ce système, il faudra aussi accepter que certains partis soient aussi représentés à 20% à l’assemblée (FN par exemple). Alors : la peste ou le choléra ?

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