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L’urgence alimentaire

Invité à s’exprimer devant le Conseil de sécurité des Nations unies, Charles Michel, le président du Conseil européen, a lourdement attaqué, hier, l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassili Nebenzia. L’ancien Premier ministre belge a tenu à mettre l’accent sur un aspect souvent encore peu thématisé de la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine. «Monsieur l’ambassadeur, soyons honnêtes. Le Kremlin utilise les vivres comme un missile furtif contre les pays en développement», a ainsi lancé le haut représentant de l’UE. «Les conséquences dramatiques de la guerre russe (plongent) les gens dans la pauvreté et déstabilise des régions entières. La Russie est seule responsable de cette crise alimentaire, la Russie seule», a-t-il poursuivi, en fustigeant au passage «la campagne de mensonges et de désinformation du Kremlin».

Même s’il y a fort à parier que Vladimir Poutine ne se laissera pas impressionner par cette intervention musclée, Charles Michel a entièrement raison de dénoncer la tactique, on ne peut plus cynique, employée par la Russie. Après avoir échoué à faire vaciller l’UE et l’OTAN, le maître du Kremlin tente de faire plier l’Occident en provoquant une famine dans les pays les plus pauvres. Les troupes russes continuent de bloquer les ports ukrainiens de la mer Noire et empêchent donc l’exportation des céréales, qui ont nourri 400 millions de personnes l’année dernière. L’ONU craint «un ouragan de famines», essentiellement dans des pays africains qui importaient plus de la moitié de leur blé d’Ukraine ou de Russie. Jusqu’à 1,4 milliard de personnes dans le monde pourraient être affectées par la pénurie de blé et d’autres céréales.

Les crimes contre l’humanité commandités par Vladimir Poutine ne vont donc pas se limiter à l’Ukraine. La guerre va aussi faire des victimes collatérales sur d’autres continents. Le bras de fer est engagé. L’ONU mène des négociations discrètes, avec le soutien de l’Union africaine et de l’UE. Un mince espoir pour débloquer la situation est que certains des pays pouvant le plus pâtir de la situation sont des alliés de Moscou. Un compte à rebours inhumain est lancé…

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