La question des migrants est devenue un sujet récurrent dans les médias et les journaux télévisés, aussi récurrent que les bouchons du matin aux frontières du pays ou la prise d’un village en Syrie ou en Irak par l’État islamique.
Sans même suivre assidûment les informations, si l’on vous pose la question de savoir combien de migrants ont été repêchés aujourd’hui, vous pouvez bluffer en tablant sur une fourchette allant de 100 à 1 000, vous ne serez pas très loin de la vérité. Et puis, de toute façon, ce sujet est loin de chez nous, en Méditerranée, au fin fond des pays de l’Est ou encore dans des îles grecques perdues au large de la Turquie.
La question des migrants est devenue une banalité quotidienne, rien de plus, rien de moins. Au même titre que les nombreuses réunions politiques où les ministres et dirigeants des pays européens doivent décider, ou plutôt négocier, le nombre de migrants que chaque pays peut accueillir dans un élan de solidarité. Des réunions dont aucune ligne forte ne se dégage. Des mois que cela perdure et que l’on ne constate aucune avancée sur le dossier des migrants, ou très peu.
Jeudi, 71 migrants ont perdu la vie au cœur de l’Europe, en Autriche, dans un camion frigorifique qui normalement transporte de la viande de poulet. Là encore, très peu de réactions. Ah si, Angela Merkel a dit à ses collègues européens que c’était un «avertissement».
Le sujet est devenu tellement banal que l’on ne se rend même plus compte que le drame qui se joue à moins de deux heures d’avion de notre routine quotidienne est monté d’un cran. Le souci, c’est que l’on s’en moque, ce n’est qu’un fait divers parmi tant d’autres dans un monde qui depuis longtemps a perdu la raison. Et puis, c’est bien loin tout ça. D’ailleurs, l’on a bien plus important à régler ici, entre l’augmentation des prix de la Schueberfouer, la poignée de Roms qui perturbent Me Vogel ou encore le débat sur l’index de décembre qui nous fera gagner quelques euros de plus sur la fiche de paye.
En fin de compte, les migrants peuvent bien attendre la fin de l’été, nous ne sommes plus à quelques drames près. Si ?
Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)