Ils sont attendus au tournant. Gouvernement, syndicats et patronat lancent ce vendredi une tripartite qui doit «préparer l’avenir du pays». Après des semaines d’hésitation, la reprise sur le plan national des pourparlers à trois doit consolider les énormes efforts pour permettre au Luxembourg de sortir renforcé de la crise déclenchée par la propagation du coronavirus. L’enjeu est de taille, à la fois pour l’économie et la société du pays que pour le modèle luxembourgeois.
Depuis le double échec de la tripartite en 2010 et 2011, cet instrument de crise, lancé en 1976, a été mis entre parenthèses. Les positions maximalistes des syndicats et du patronat ont rendu impossible tout compromis à trois. Les bipartites ont alors pris le dessus. L’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker avait déjà annoncé la couleur dans un entretien accordé le 22 février 2012 à nos confrères de Paperjam : «Je continue (…) à penser que le modèle tripartite, si on entend par là des négociations entre partenaires sociaux et gouvernement, garde toute sa valeur. Parce que même en l’absence d’un accord, nous arrivons à prendre les décisions qu’il faut.»
L’intention formulée fin 2013 par le gouvernement Bettel I était autre. La relance du modèle tripartite faisait partie des grandes priorités. Mais le modèle des bipartites est resté en vigueur, notamment pour désamorcer le plan d’austérité annoncé en 2014. Aujourd’hui, la coalition tricolore (DP, LSAP, déi gréng) n’a plus le choix : elle devra passer avec succès l’examen que constituera la tripartite post-Covid-19.
A priori, toutes les conditions sont réunies. Syndicats et patronat sont décidés à lutter contre «l’ennemi invisible» que constitue le coronavirus. Cette fois, il n’est pas question de rejeter la faute sur l’autre camp. Tout est lié. Sans relance économique, pas d’emplois. Sans emplois, pas de pouvoir d’achat. Sans pouvoir d’achat, pas de consommation. L’équation est simple, la résoudre sera bien plus compliqué.
David Marques