Le ton a clairement changé depuis le déclenchement de l’état de crise à la mi-mars. Alors qu’il urge de préparer la suite, la pression augmente sur le gouvernement. Il est trop tôt pour affirmer que l’équipe de Xavier Bettel se prend les pieds dans le tapis, mais différents couacs sont indéniables.
Du côté de la Chambre, les informations souvent partielles livrées aux députés créent des remous. Même s’il n’existe pas de lien direct avec le Covid-19, le fait d’avoir maintenu le vote du CETA en plein état de crise a encore agrandi le fossé entre majorité et opposition. Il faut toutefois aussi condamner la décision du CSV de boycotter le vote. En fin de compte, cet épisode rocambolesque n’a en rien permis de redorer le blason de la démocratie parlementaire.
Le patronat continue de dénoncer un plan d’aide jugé insuffisant. Le gouvernement se défend en rappelant avoir agi dans l’urgence et en signalant qu’il étudie de près le besoin de rectifier le tir. Désormais, le Premier ministre annonce un large plan de relance, dont les contours ne sont toutefois pas encore connus.
Enfin, le camp syndical fustige le manque de considération du gouvernement. La demande pressante pour organiser une tripartite afin de préparer au mieux l’après-crise aurait été «froidement ignorée» par les responsables politiques. Le fait d’avoir prolongé sans aucune raison visible la durée maximale des heures de travail n’a fait que renforcer la tension entre syndicats et ministres. Ce jeudi, Xavier Bettel aura la lourde tâche de calmer les esprits.
L’unité nationale décrétée il y a deux mois a jusqu’à présent permis au Luxembourg d’éviter le pire. Aujourd’hui, cette solidarité est sur le point de se briser. Une concertation large, avec à la clé un consensus viable sur la gestion de l’après-crise, reste toutefois indispensable pour éviter que la cohésion sociale ne soit à son tour menacée par un virus ayant déjà causé d’importants dégâts.
David Marques