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« Les hasards de la vie »

Un an après les attentats de janvier 2015, au cours desquels a été décimée la rédaction de Charlie Hebdo et qui coûteront la vie à quatre autres personnes lors de la prise d’otages du magasin Hyper Cacher, la publication d’ouvrages donnant la parole aux témoins se multiplie. Dans Le Kiosquier de Charlie, paru hier, la journaliste franco-italienne, Anaïs Ginori, correspondante à Paris pour le journal italien La Repubblica raconte l’incroyable histoire de Patrick Deschamps, marchand de journaux depuis 30 ans, à Saint-Germain-des-Près et qui comptait parmi ses clients beaucoup de gens «normaux» mais aussi célèbres, parmi eux les dessinateurs Wolinski et Cabu, assassinés le 7 janvier.

Wolinski s’étant même présenté devant son kiosque ce matin-là : «Il m’a demandé si j’avais reçu Charlie et m’a dit qu’il ne me le prenait pas car il partait à la conférence de rédaction», a raconté Patrick Deschamps sur RFI, en début de semaine. Quelques minutes plus tard, le dessinateur était mort. Anaïs Ginori a été parmi les premières à se rendre rue Nicolas-Appert où se trouvaient les locaux de Charlie Hebdo. Elle était également présente lorsque Libération a accueilli la rédaction du journal satirique dans ses locaux.

Elle a recueilli de nombreux témoignages. Celui de Patrick Deschamps est exceptionnel. Car le récit du «kiosquier de Charlie» ne s’arrête pas à cet attribut. Quelques heures plus tard, les frères Kouachi braquait une voiture, rue de Meaux dans le 19e arrondissement de Paris, ordonnant à son conducteur de sortir de la voiture. Conducteur qui n’était autre que Patrick Deschamps, qui venait de vendre ses journaux tandis que les frères Kouachi venaient de terminer leur mission sanglante. «Si les médias te demandent, dis-leur que nous sommes Al-Qaïda Yémen», lui lance Chérif Kouachi. «Ce sont les hasards de la vie», a déclaré au Journal du dimanche, le marchand de journaux que les deux terroristes ont néanmoins autorisé à sauver son chien qui se trouvait sur la banquette arrière de sa voiture : «Je me suis quand même dit que j’avais eu une chance folle.»

Frédéric Braun (fbraun@lequotidien.lu)

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