Les autres élections

Ce week-end, il n’y avait pas qu’en France que se tenaient des élections locales. À quelques milliers de kilomètres de là, les femmes d’Arabie saoudite ont pu, pour la première fois, glisser leur bulletin dans l’urne, et même se faire élire.

En 2015, elles sont les dernières au monde en ce qui concerne les pays démocratiques, ou pseudo-démocratiques, à obtenir le droit de vote, car n’allons pas jusqu’à dire que l’Arabie saoudite est une démocratie. Mais peu importe, le geste est symbolique, mais il est fort. Si les femmes peuvent voter et se faire élire à des élections locales au même titre que les hommes, l’avancée est énorme.

Dans un pays où une femme ne peut donc rien faire en dehors de chez elle sans l’accord d’un tuteur, père, mari ou frère, qu’elle puisse tout simplement voter est une petite révolution dans le royaume. Oh bien sûr, cela paraît quand même bien ridicule quand on sait qu’elles n’ont pu sortir de chez elles et se rendre au bureau de vote qu’avec l’accord de leur tuteur. Il n’y avait pas encore de voiture au temps de Mahomet, mais ces fanatiques ont quand même décidé que les femmes ne pourraient pas conduire. Une manière supplémentaire d’asservir les femmes et de les laisser dans un état de dépendance. Mais ne nous égarons pas.

Si l’effet ne sera sans doute pas immédiat, c’est cependant un signal fort pour les femmes saoudiennes. Car cette poignée de femmes élues va représenter un espoir pour des milliers d’autres. Elles vont montrer aux hommes, par leur présence, que le monde ne va pas s’arrêter de tourner pour autant. Mais quelle pression sur les épaules de ces femmes, face à cette vague d’hommes… Il faudra toujours des pionnières, dans tous les domaines, pour être plus fortes et ouvrir la voie aux autres, celle de la normalité. Une fois que l’on ne s’ébahira plus de la présence des femmes dans quelque situation que ce soit, c’est là que le pari sera gagné. Et il y a encore du chemin à faire.

Audrey Somnard