L’eau du robinet snobée

Exemple pris au hasard : mardi soir, un homme sort d’un supermarché eschois armé de deux fois six bouteilles d’eau plate. Il ne s’agit pas d’une exception. Le consommateur luxembourgeois continue en effet à avoir des réticences pour consommer l’eau du robinet alors que celle-ci est plus saine et plus pure que bon nombre d’eaux potables contenues dans des bouteilles. Mais ce fait est encore trop souvent ignoré et les gens préfèrent traîner des kilos pour pouvoir s’hydrater à la maison. Le Grand-Duché est ainsi contraint d’importer chaque année plus de 70 millions de litres d’eau devant parfois parcourir près de 1 000 km pour être bus par ses habitants.
Cette (mauvaise) habitude n’a pas seulement un coût écologique, mais aussi financier. L’eau est vendue au prix fort en comparaison avec le coût de l’eau du robinet. Un ménage moyen ne paie ainsi que 5 euros pour 1 000 litres d’eau potable. Il revient donc à chacun de prendre ses responsabilités, même si la lutte contre le changement climatique imposerait aussi un changement des mentalités. Ce même argument écologique est avancé par les pétitionnaires qui ont
réclamé hier à la Chambre des députés une loi pour imposer aux restaurateurs et cafetiers de proposer de l’eau du robinet. Bon nombre des plus de 5 100 signataires de la pétition ont certainement pensé à la carafe d’eau gratuite. Les initiateurs de cette pétition insistent essentiellement sur le choix. Car jusqu’à présent, la seule eau vendue dans l’Horeca au Luxembourg est de l’eau en bouteille.
Dans un premier temps, le gouvernement veut sensibiliser et encourager les restaurateurs à servir aux clients qui le souhaitent de l’eau du robinet, le tout à un prix qui reste à définir. Mais le camp politique doit parfaitement savoir que la seule sensibilisation n’est pas toujours suffisante. L’exemple de l’interdiction de fumer dans les cafés et restaurants a été donné hier. Il en existe d’autres. Si la prise de conscience tant espérée ne se traduit pas par des actes concrets, il faudra légiférer. Cette réflexion vaut pour toute incitation devant mener à rendre notre consommation plus durable.

David Marques