Mercredi s’est tenue une messe d’hommage en mémoire du père Jacques Hamel, lâchement assassiné il y a un an en France. Son assassinat a ému au-delà des confessions et des communautés, et l’hommage qui lui a été rendu hier était amplement mérité. Alors que la France bénéficie d’une «accalmie» après deux années atroces, les cérémonies d’hommage se multiplient, pour ne pas oublier. Dans ce moment de communion et de recueillement, il serait inopportun d’en profiter pour faire passer un message politique en bénéficiant d’une telle tribune publique et médiatique.
C’est pourtant ce que l’archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, a fait. Il a profité de son discours d’hommage au père Hamel pour distiller des positions de l’Église catholique qui n’ont rien à voir avec le terrorisme ou avec ce qui est arrivé au prêtre. Mgr Lebrun a dit regretter que notre société «se croit libre de faire tout ce que chacun souhaiterait, y compris abréger sa vie ou l’empêcher de naître». L’allusion était assez claire pour que tout le monde ait compris que l’ecclésiastique s’attaquait aux lois sur l’euthanasie et l’avortement. Des lois qui vont à l’encontre des préceptes de l’Église, cette dernière ayant toujours été claire sur ces deux points. Pour autant, était-ce bien le moment de profiter de cet hommage pour clarifier des positions déjà (archi) connues?
Mettre sur le même plan la mort du père Hamel, une euthanasie et un avortement se défend du point de vue philosophique. Du point de vue de la loi, chacun dispose de son corps, et libre à chacun de suivre les préceptes que lui dicte sa foi. Le père Hamel était un homme d’un certain âge, qui avait toute une vie derrière lui et un futur qui l’attendait avant qu’un terroriste ne le fauche. La séparation de l’Église et de l’État met les lois au-dessus de toute conviction morale. Et c’est très bien comme ça. La loi n’empêche pas les antichoix de prolonger des grossesses non désirées ou d’attendre la mort en souffrant atrocement. Le choix, c’est ce que la loi permet. N’en déplaise à Mgr Lebrun.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)