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Le principe de réalité et l’UE

Le 7 février 1992, il y a tout juste 25 ans, était signé aux Pays-Bas le traité de Maastricht par les douze membres de ce qui était encore à l’époque la Communauté économique européenne (CEE). Maastricht marquait l’avènement d’un projet aux ambitions radicalement nouvelles dressant les fondements de l’Union européenne (UE), du marché et de la monnaie uniques.

Quel beau projet, n’est-ce pas ? Comment ne pas souscrire à une si belle utopie ? Mais 25 ans plus tard, une chose est en train de rattraper une UE en pleine crise : le principe de réalité. Il n’est point besoin d’être titulaire d’un doctorat en économie pour comprendre que créer une monnaie unique dans une zone économique qui n’est pas homogène ne pouvait pas fonctionner. Comment faire croire que des pays aux économies aussi disparates que la Grèce, le Portugal ou l’Allemagne pourraient tous trouver leur intérêt dans l’euro ? Les États membres se sont donc retrouvés sans possibilité d’ajuster leur monnaie, mais en plus, les États en difficulté n’ont pas bénéficié de la solidarité qui devrait prévaloir dans une zone monétaire commune avec une mutualisation des profits et des pertes. L’intransigeance de l’Allemagne – devenue la principale puissance économique et politique européenne – lors de la crise grecque l’a bien prouvé, sans oublier le culte destructeur que le gouvernement de Berlin voue à l’austérité et qu’il impose à l’ensemble des 27, pardon 28.

Malheureusement, cette tendance à privilégier le symbole à la réalité ne s’est pas arrêtée là. Un exemple frappant est l’élargissement à l’Est de l’UE à partir de 2004. Tous les commentateurs étaient alors remplis d’allégresse : «Quelle date historique, l’Europe est enfin réunie !», «Le Mur est définitivement tombé»… Treize ans plus tard, la division Est-Ouest au sein de l’UE est criante. Intégrer des pays qui possèdent une autre culture politique – après des décennies de dictature communiste – et aux économies beaucoup moins développées réclame plus que quelques bons mots et déclarations d’intention. Sans compter que trouver un consensus à 28, comme c’est étrange, est beaucoup plus difficile qu’à 15.

Nicolas Klein

Un commentaire

  1. Excellente analyse Nicolas, comme souvent…
    Il aurait probablement été plus pertinent de tenter l’Euro par exemple avec les 6 états fondateurs…mais bon, après coup, c’est toujours facile de dire « on aurait dû ».
    Ceci dit, c’est l’intransigeance – comme vous dites – de l’Allemagne qui a donné une dernière chance à la Grèce alors qu’elle avait la possibilité de sortir de l’Euro et probablement de faire une croix sur sa dette mais ça ils ne voulaient pas non plus, on a sa fierté…et c’est l’Allemagne qui paye la tournée, une fois de plus.
    Il n’y avait pas d’urgence non plus à intégrer de nouveaux pays (de l’Est) qui sont complètement à l’ouest du projet européen. Pourquoi on l’a fait ? C’est la bonne question effectivement, j’ai pas de réponse non plus…

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