Mercredi c’était la Toussaint, la fête de tous les saints, qui comme le veut l’usage est également le jour où l’on se rend au cimetière visiter la tombe familiale. À condition toutefois que vous y teniez, car comme chacun le sait, au Luxembourg, l’Église catholique a perdu sa clientèle traditionnelle, qui ne voit plus désormais l’intérêt de rester abonnée – évolution soigneusement tue, jusqu’au jour en effet où un gouvernement s’en aperçut…
Mais l’Église luxembourgeoise, à ce moment-là, s’était déjà exilée vers des landes moins hostiles et plus propices à sa survie, comme l’illustre par ailleurs l’acquisition par l’archevêque d’une résidence secondaire au Portugal et non en Provence, par exemple… Tout cela n’ayant pas empêché son Église de continuer à se servir de sa façade luxembourgo-luxembourgeoise pour mieux apprivoiser ce que l’archevêque a qualifié récemment de «catholicisme culturel», autrement dit une certaine partie de la population, d’accord sur tout pourvu que rien ne change, en premier lieu ses petits privilèges dans ce pays qui a pourtant bien évolué.
Cependant, les jours de concorde désormais semblent bien loin. Le conflit entre les deux a dégénéré une première fois dans le contexte de l’abolition des fabriques d’église. Et pas plus tard que lundi, une trentaine de catéchètes et enseignants religieux ont décidé de porter plainte contre l’archevêque, auquel ils reprochent de ne pas avoir été payés de manière adéquate…
Et si le catholicisme n’avait jamais été très enraciné au Luxembourg? Longtemps mal représenté par les serviteurs autoritaires d’une Église toute-puissante, le catholicisme luxembourgeois pour beaucoup rime avec traumatisme. Est-ce que l’archevêque qui a vécu 20 ans au Japon et qui, par rapport à son pays d’adoption, trouvait rude le ton de discussion au Luxembourg à son retour, en était-il conscient? À l’entendre, lui, puis ses détracteurs, on serait presque tenté de voir en lui le premier catholique que ce pays ait jamais connu.
Frédéric Braun