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Le dur retour au pays

L’ombre de Jean-Claude Juncker était omniprésente, mardi matin, lors de l’ouverture du procès du SREL. L’ancien Premier ministre est qualifié à juste titre de témoin clé dans ce psychodrame politique et judiciaire, qui pourrait bien encore aboutir à des révélations-chocs.

En attendant, Jean-Claude Juncker, de retour au pays après avoir achevé son mandat de cinq ans à la tête de la Commission européenne, a été lourdement chargé par les avocats des trois ex-agents secrets qui se seraient rendus coupables d’écoutes illégales. «C’est tout simple : Jean-Claude Juncker a-t-il validé ces écoutes ou pas?», n’ont cessé de clamer, mardi, les conseils de Marco Mille, Frank Schneider et André Kemmer. Lui-même victime d’un enregistrement douteux à l’aide d’une montre-bracelet portée par l’ancien directeur du SREL, l’ancien Premier ministre aurait, lors de cet entretien avec Marco Mille datant du 31 janvier 2007, confirmé être au courant de l’écoute menée contre l’informaticien Loris Mariotto. Il conteste toutefois cette version des faits, évoquant des lacunes de mémoire. «Il est possible qu’un cerveau si chargé puisse oublier de tels éléments, en espérant qu’il ne s’agisse pas d’une amnésie rétrograde ou de mauvaise foi», ironisait mardi Me Pol Urbany, avocat du prévenu André Kemmer. Autre reproche : le parquet aurait «protégé» Jean-Claude Juncker en lui accordant un double report du procès afin que les débats puissent se tenir après la fin de sa présidence européenne.

Désormais, la défense dans le procès du SREL insiste pour que Jean-Claude Juncker ne soit pas entendu comme témoin mais qu’il soit inculpé à son tour. Jusqu’au bout du volet politique de l’affaire, situé en 2013, Jean-Claude Juncker avait donné l’impression de sous-estimer les possibles conséquences. Il n’avait pas vu venir sa chute. La même attitude pourrait faire vivre à celui qui a semblé indéboulonnable pendant des décennies un très dur retour au pays.

David Marques

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