Le Luxembourg déplore aujourd’hui 736 décès en relation avec une infection au coronavirus. Au fil des mois de pandémie, nous – en tant que société – avons un peu perdu de vue que derrière ce triste bilan se cachent des drames humains. Le nombre de décès est devenu une valeur statistique banale. Mais en soi, il n’est pas erroné de placer le nombre de victimes dans un contexte plus global. Comme souvent, le juste milieu doit être trouvé pour éviter tout excès.
Ces derniers jours, un chiffre brut est venu déchaîner les passions : 324 pensionnaires de structures pour personnes âgées sont décédés ces douze derniers mois après avoir contracté le Covid-19. Le foyer d’infection qui s’est déclaré à la maison de retraite «Um Lauterbann» à Niederkorn est venu donner un effet encore plus tragique au bilan global. Depuis le 17 février, 22 résidents de cette structure ont succombé des suites de leur infection. Cette vague de décès est intervenue au moment même où les premiers vaccins ont été administrés dans cette maison de retraite.
Comment expliquer ce drame ? Le CSV et son député Michel Wolter sont montés au créneau, jeudi, pour revendiquer une enquête indépendante et détaillée. «ll est difficile de retracer l’origine d’un cluster étant donné que de nombreux intervenants externes sont impliqués dans la prise en charge des résidents», précise d’ores et déjà la Copas, le représentant des gestionnaires de maisons de soins. Le manque de matériel de protection, également fustigé par le CSV, ne serait pas un facteur aggravant. Les règles sanitaires auraient été respectées à la lettre, ajoute la Copas.
Le bât blesse plutôt au niveau des vaccinations. Malgré la bonne décision de vacciner en priorité les pensionnaires des maisons de soins et de retraite ainsi que le personnel de santé encadrant, il devient de plus en plus incompréhensible que le statut des intervenants l’ait emporté sur la fonction. Le personnel de nettoyage, une tâche souvent sous-traitée, n’a ainsi pas encore été vacciné. Mais ce qui interpelle bien plus, c’est le fait que le personnel de santé reste toujours aussi réticent à se faire immuniser. On ne peut pas imputer aux seuls responsables politiques le non-respect de cette obligation morale.
David Marques