Le chat et les rats

On dit que les chats sont des animaux fourbes et égoïstes. Ceux qui disent cela n’aiment pas – et ne connaissent pas – les chats. Et vous savez ce que l’on dit des gens qui n’aiment pas les animaux…

Prenons David Cameron. L’ex-Premier ministre est l’architecte, au Royaume-Uni, de l’austérité, de la hausse de la précarité et des inégalités, et d’une bombe à fragmentation appelée Brexit. On peut douter de l’humanité de cet homme-là.

Mais en fin politique, il a su dissimuler sa fourberie et son égoïsme derrière une grosse boule de poils nommée Larry. Larry est «Chief Mouser to the Cabinet Office», bref, le traqueur officiel des souris du gouvernement britannique.

Depuis les années 1920, la résidence officielle du Premier ministre a souvent abrité un félin pour chasser les rats. Même Churchill avait le sien, un gros matou gris qui, paraît-il, partageait son caractère tempétueux…

Cette coutume amusante a pourtant été abandonnée en 1997. Jusqu’à ce qu’un rat réapparaisse sous le gouvernement Cameron, qui s’est empressé de renouer avec la tradition.

Attendrissant, n’est-il pas? «Shocking», plutôt. Car Cameron n’aime pas les chats. «Larry était un mensonge, une entreprise de com et de marketing», a souligné mardi James Kirkup, chroniqueur au Daily Telegraph . «Il a été inventé par des conseillers en com qui pensaient qu’avoir un chat rendrait l’image de M. Cameron plus aimable et humaine, plus proche des gens. Mais Cameron lui-même n’aimait pas Larry et il n’aime pas les chats.»

Alors, qui est le plus fourbe et égoïste? Mais au moins Larry n’aura plus à supporter son «maître», qui a fait ses cartons. Il n’appartient en effet pas aux Cameron, puisque son rôle de chasseur fait de lui un fonctionnaire du gouvernement, apolitique et insensible aux turpitudes politiques.

Problème  : avec la nouvelle occupante des lieux, Theresa May, Larry va-t-il pouvoir ronronner peinard? Car un autre rat, que dis-je, une créature hybride, hyène à langue de serpent et chevelure de lama, pourrait faire des apparitions : Boris Johnson. Good luck, Larry.

Romain Van Dyck