La tasse de la discorde

Cela fait plusieurs années que Barack Obama souhaite de bonnes «vacances» en fin d’année, au lieu du «Joyeux Noël» traditionnel, trop connoté chrétien. Les personnes non religieuses ne retiennent que la meilleure nouvelle, c’est-à-dire le mot «vacances» qui équivaut en général à de bons repas, des cadeaux et quelques jours de repos bien mérités devant des films des années 80, diffusés à la télé, que l’on revoit tous les ans avec plaisir. Mais d’ailleurs, pourquoi déjà parler de Noël – pardon, des fêtes de fin d’année – alors que le sapin est en train d’être à peine installé place Guillaume?

C’est parce que de l’autre côté de l’Atlantique, la polémique enfle depuis quelques jours. La célèbre chaîne de café Starbucks, à tous les coins de rue dans les pays anglo-saxons et qui n’a envahi que le Findel jusqu’ici, a décidé cette année de ne pas décorer ses tasses de café de décorations traditionnelles de Noël… Les tasses passent juste à un sobre rouge pour célébrer les fêtes. Alors il faudra m’expliquer ce que les flocons, les bonhommes de neige et autres rennes ont en commun avec les fêtes de Noël, même le sapin n’a rien de spécialement chrétien! Pourtant des internautes américains se sont emparés de l’affaire et Donald Trump – ne manquant jamais une bonne occasion de se taire – a fustigé la compagnie qui voudrait «tuer Jésus et Noël». Toujours aussi subtil, notre Donald. Si le Noël chrétien est représenté par des tasses de café, en effet, la civilisation est tombée bien bas.

En attendant, Starbucks a fait mine de s’étonner du «succès» de sa campagne de fin d’année en assurant que le rouge plus neutre invitait les clients à dessiner sur leurs tasses leur propre vision des fêtes de fin d’année. Rattrapage médiatique ou coup marketing de génie? Jamais de simples tasses de café rouges unies auront fait autant parler d’elles. Et dire que Noël n’aura lieu que dans six semaines, il va falloir se détendre, car il nous reste encore à affronter la course aux cadeaux et les interminables repas de famille. Il faudra bien un petit café pour s’en remettre, qu’importe la couleur et le design de la tasse.

Audrey Somnard