La lettre de Xavier

On ne l’avait plus vu ou entendu depuis le 29 octobre, jour du vote des nouvelles restrictions anti-Covid. Face aux députés, le Premier ministre avait annoncé en grande pompe le «moment de vérité» pour la première semaine de novembre. Entre les lignes, l’option (ou la menace ?) d’un reconfinement était clairement à déceler. Plus de deux semaines plus tard, toujours rien. Ou presque. Vendredi, Xavier Bettel a publié sur Twitter une lettre adressée aux citoyens. Elle a des similitudes avec un message qu’un souverain adresse à ses sujets. Le vocabulaire choisi est très imagé. On y retrouve la volonté d’être proche de la population, de partager son chagrin.

C’est donc loin des caméras et micros que Xavier Bettel a fait sa réapparition sur le front sanitaire. Une telle lettre adressée par un Premier ministre à «ses» citoyens constitue une première. Elle risque de faire parler. Un des points les plus intéressants est la reconnaissance du manque de cohérence de certaines restrictions anti-Covid, dénoncé depuis des mois par les partis de l’opposition. Devant le Parlement, Xavier Bettel a régulièrement joué la carte de la révolte. Aujourd’hui, il admet des «ambiguïtés ponctuelles» dans cette lettre personnelle très colorée.

À elle seule, la lettre aurait eu l’air très déplacée. Mais le gouvernement a aussi produit du concret, vendredi. Un nouveau paquet d’aides pour les secteurs du commerce de détail, du tourisme, de l’événementiel et du divertissement a été ficelé et présenté. Le chômage partiel élargi est prolongé jusqu’à fin juin 2021. Il en va de même du gel des loyers. Renforcée considérablement, la cellule du contact tracing a, elle, réussi à résorber le retard accumulé en raison de l’explosion des nouvelles infections.

Des avancées sont indéniables. La hausse exponentielle des infections est stoppée. Mais l’alerte est loin d’être levée. Pour citer une dernière fois la lettre de Xavier Bettel : «La possibilité de devoir ralentir davantage ne peut pas être écartée.» Prochain point d’étape vendredi prochain, trois semaines après l’entrée en vigueur des restrictions renforcées.

David Marques