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La guéguerre syndicale

La fête du Travail reste un jour de lutte pour les syndicats. Leur priorité est de défendre les acquis sociaux de l’ensemble des salariés. Vu leurs orientations, il arrive néanmoins aussi qu’une guéguerre entre syndicats poursuivant pourtant le même objectif se mette en place.

Au Luxembourg, OGBL et LCGB échangent des piques à intervalles réguliers. Rupture de confiance décrétée par l’un, divorce introduit par l’autre, reproches mutuels de récupération : la liste des querelles est longue. Cela n’empêche pas qu’ils se retrouvent souvent à une même table de négociation pour faire pression sur le patronat.

Les élections sociales de cette année ont relancé de plus belle la rivalité entre le syndicat indépendant et le syndicat chrétien. L’OGBL voulait confirmer son statut de syndicat majeur du pays. Le LCGB visait, lui, une amélioration de son résultat de 2013. En fin de compte, les deux camps se sont autoproclamés vainqueurs, avec un OGBL qui a défendu sa majorité à la CSL, mais qui a dû céder trois mandats au LCGB.

On pouvait penser que la bataille électorale était désormais close. Regonflé à bloc, le président du syndicat chrétien a cependant lancé hier la phrase suivante : «À Esch, ils avaient pour mission de tuer le LCGB.» En d’autres termes : l’OGBL, dont le siège se situe dans la Métropole du fer, aurait voulu réduire à néant son concurrent direct. Ce ton guerrier risque de ne pas améliorer les relations entre les deux camps, conduisant à un «gaspillage de moyens», comme le souligne toujours le président de l’OGBL, André Roeltgen. Il a raison dans la mesure où les revendications des deux syndicats sont la plupart du temps similaires : rééquilibrage de la charge fiscale, utilisation conséquente des énergies renouvelables, arrêt de la spéculation sur le foncier ou renforcement du pouvoir d’achat.

Le prochain grand défi sera la transition digitale. Les deux syndicats plaident pour un nouveau modèle tripartite. Une division ne peut que profiter au patronat et aussi au gouvernement. Mieux vaut donc y réfléchir à deux fois avant de déterrer à nouveau la hache de guerre.

David Marques

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