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La crise dans les prés

La crise agricole a atteint un pic, lundi, avec la grande manifestation des producteurs de lait et de viande dans le quartier européen de Bruxelles. Ils étaient venus en nombre pour crier leur désarroi aux 28 ministres de l’Agriculture, réunis en urgence pour trouver des solutions à cette nouvelle crise des prix.

Les images vues lundi à Bruxelles rappellent sensiblement la crise de 2009 où les producteurs de lait étaient déjà montés au créneau pour attirer l’attention sur leur situation économique désastreuse. Six ans plus tard, le ton est monté d’un cran et de violents affrontements ont même eu lieu avec la police. Si ce genre d’actions n’est pas défendable, il témoigne toutefois du désespoir des agriculteurs qui produisent actuellement à perte.

En 2009, la préparation de la fin des quotas avait déjà créé d’importants remous sur les marchés. Aujourd’hui, ces quotas ont disparu et la situation ne s’est guère améliorée. Une nouvelle fois, la réalité du terrain est tout à fait différente de la théorie dressée sur les papiers des responsables politiques européens. Une profonde remise en question du système est plus que jamais nécessaire. Sans quoi, le slogan des agriculteurs «Nous vous nourrissons, mais vous nous laissez crever» va devenir une très dure réalité.

Cette remise en question ne concerne cependant pas uniquement les responsables politiques. Nous, consommateurs, devons aussi revoir nos habitudes. Aujourd’hui, trop souvent, une seule considération prime : payer le prix le plus bas, que ce soit pour les produits laitiers, la viande ou même les fruits et légumes. Acheter au plus bas prix ne pose pas uniquement la question de la qualité des produits mais aussi celle du revenu du producteur. Les produits alimentaires de base ne doivent plus être soumis aux sévères règles du marché, souvent dictées par des spéculateurs qui ne se soucient guère du sort des petits producteurs agricoles. La même réflexion vaut d’ailleurs aussi pour les producteurs issus de pays en voie de développement.

Lundi, un premier pas a été fait. Bien d’autres devront suivre.

David Marques

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