La course au vaccin

Une petite lueur d’espoir. Mais c’est déjà ça en ces temps difficiles. L’américain Pfizer et son partenaire allemand BioNtech  ont annoncé lundi des résultats très prometteurs concernant leur vaccin contre le coronavirus. La course contre la montre pour distribuer cette protection à la population mondiale va bientôt commencer. D’autres entreprises pharmaceutiques sont sur les rangs pour fournir cette arme ultime qui permettra d’anéantir le Covid-19. Mais reste à savoir si l’humanité ne va pas retrouver son horrible visage à cette occasion. Lorsque la pandémie s’est répandue sur notre continent, de vieux démons ont rapidement ressurgi. Fermeture des frontières, suspicion envers celui qui revenait d’une zone à risque, vision nationale étriquée pour combattre la maladie, solidarité vite oubliée… la liste est longue. Aujourd’hui, voilà qu’un vaccin arrive enfin pour nous libérer et nous permettre de retrouver une vie normale. Mais qui aura les doses en premier? Nos États vont devoir se rattraper et ne pas jouer chacun pour soi comme ce fut le cas, parfois, au mois de mars dernier. C’est un nouveau défi qui attend nos responsables politiques et nos populations concernant la distribution de ce précieux vaccin. Ne nous y trompons pas, des débats risquent d’émerger à propos de la bonne répartition des doses, du rythme de la distribution, des pays éventuellement privilégiés. La polémique n’est pas près de s’arrêter. Mais nous ne parlons ici que de l’Europe.

Après la première vague de l’épidémie, des initiatives ont immédiatement été prises pour fournir le futur vaccin aux pays pauvres. De grandes entreprises pharmaceutiques, des fondations philanthropiques, la Banque mondiale… de nombreux acteurs mondiaux se mobilisent pour «réserver» des millions de doses. Tous ont vite compris que, malgré l’appel à l’union mondiale contre le virus, la solidarité risquait de disparaître bien vite devant ce stock de vaccins limité. Ce fut la même chose avec les masques il y a quelques mois : des cargaisons entières pourtant commandées étaient rachetées à la dernière minute par des intermédiaires peu scrupuleux sur les tarmacs des aéroports chinois à grand renfort d’argent liquide. Espérons que ça n’arrivera pas avec les vaccins.

Laurent Duraisin