Un mardi noir pour la coalition tricolore. Le gouvernement Bettel II a d’abord perdu, mardi, trois de ses ministres. Ensuite, le sondage semestriel du Wort et de RTL est venu annoncer la perte de leur majorité au DP, au LSAP et à déi gréng. Le fait que le CSV perd 6 sièges par rapport au scrutin d’octobre 2018 ne permet pas de se consoler, d’autant plus que l’ADR sauterait de 4 à 7 sièges et le Parti pirate de 2 à 7 mandats. Déi Lénk stagne à 2 élus.
La lassitude liée à la pandémie peut expliquer ce résultat, qui reste néanmoins à prendre avec des pincettes. Le jour de vérité n’arrivera qu’en octobre 2023. Les socialistes Dan Kersch et Romain Schneider, mais aussi le libéral Pierre Gramegna ne vont plus aborder cette échéance électorale en tant que ministres sortants. En février 2020, Étienne Schneider, également issu du LSAP, avait déjà tiré sa révérence. Félix Braz (déi gréng) a été obligé de quitter le gouvernement à la suite de son malaise cardiaque en août 2019. Ce sont donc désormais quatre membres de l’équipe gouvernementale, assermentée en décembre 2018, qui ont quitté le navire.
Romain Schneider et Dan Kersch évoquent des raisons de santé, Pierre Gramegna des raisons familiales. Au vu des drames que furent la mort inopinée du secrétaire d’État Camille Gira, en mai 2018, et donc l’accident de Félix Braz, la motivation des trois ministres démissionnaires est compréhensible. Le départ vers d’autres cieux bien rémunérés d’Étienne Schneider l’est bien moins. En fin de compte, il s’agit de décisions personnelles. Qui dupent aussi les électeurs?
En tout état de cause, le LSAP et le DP doivent être conscients qu’ils perdent trois locomotives électorales. Côté socialiste, tout vouloir miser sur la très populaire Paulette Lenert est un pari risqué. La ministre de la Santé se dit ouverte à toute proposition de son parti, mais il manque encore l’assurance qu’elle va vraiment vouloir défier Xavier Bettel en 2023. Le DP se retrouve, lui, à court de candidats pour reprendre les Finances. Un signal alarmant.
Il ne faut pas être devin pour prédire que les répercussions de la fuite en avant du trio ministériel ne seront pas anéanties au soir de l’assermentation de leurs successeurs.
David Marques