Quarante ans après son apparition, Apple est devenu un quasi-standard dans le monde des nouvelles technologies. À l’exception de l’Apple II, lancé en 1977, les produits à la pomme ont longtemps constitué l’exception. Plus chers, moins ouverts et pas toujours aussi fiables que leurs concurrents, ils sont restés pendant près de trente ans des produits de niche, destinés à des clients aisés aimant la différence. Mais dans une époque où l’originalité est devenue la règle, où le bling-bling l’a emporté sur la discrétion, Apple incarne la marque à posséder. L’iPhone est le téléphone pour signifier sa réussite sociale, l’iPad la tablette pour briller.
Peu importe si la firme à la pomme développe des systèmes d’exploitation fermés, un modèle économique qui lui permet de censurer les titres qui ne lui plaisent pas sur sa boutique iTunes. Peu importe si les produits Apple sont de remarquables exemples d’obsolescence programmée, pour pousser les utilisateurs à réinvestir régulièrement pour rester à la page. Peu importe si iPhone, iPad et Macintosh jonchent les poubelles du monde, victimes de la course permanente à la nouveauté. Apple reste le roi.
Un roi qui a su gérer son image, maîtriser la pénurie et engendrer l’envie. Chaque nouveau modèle sort au compte-goutte, les consommateurs se massent devant les boutiques pour être parmi les premiers à toucher le précieux objet. Et tant pis s’il ne possède pas les dernières innovations techniques, s’il faudra en changer quelques mois plus tard.
Le plus grand succès d’Apple n’est pas sa maîtrise technique, mais bien ce génie marketing porté par la figure du gourou Steve Jobs. Il avait les idées, mais a toujours compté sur d’autres pour les mettre en application. Avant de créer ses grands-messes païennes, les Keynotes, qui arrêtent le temps chaque année pour mieux dévoiler au monde ces indispensables terminaux capables de changer la vie.
Et ce n’est pas un problème s’il s’agit souvent de légères mises à jour ou d’un nouveau design dans l’air du temps. Apple évolue en terrain conquis.
Christophe Chohin