Privatisation. Les syndicats voient rouge dès que ce terme tombe. Le gouvernement prône le gain de flexibilité que peut apporter l’ouverture des services publics. Un rude bras de fer est engagé. Le déclenchement par la CGFP de la procédure de grève est venu freiner l’élan du gouvernement. Mais pas mal de zones d’ombre persistent.
La coalition tricolore est-elle vraiment engagée sur la voie de la privatisation? Ou s’agit-il plutôt d’un nouvel exemple de mauvaise communication? La volonté du ministre Claude Meisch d’ouvrir au secteur privé les postes de direction de quatre lycées spécialisés a failli passer inaperçue. Le camp syndical s’est réveillé juste à temps pour obtenir le retrait du texte de loi. Même si la hache de guerre est enterrée, le ministre libéral a eu du mal à expliquer son approche pragmatique, motivée par la difficulté de trouver des candidats adéquats.
L’argumentaire du ministre des Sports, Dan Kersch, est semblable. Il a déposé un texte de loi pour recruter hors de la fonction publique un commissaire aux Sports. Des reproches de copinage ont été rejetés. Lundi, le ministre Kersch a rappelé dans les colonnes du Wort que dans d’autres administrations des postes à haute responsabilité étaient déjà occupés par des non-fonctionnaires. Il est bien plus surprenant que Dan Kersch affirme ne pas «avoir besoin» d’un commissaire. Pourquoi donc avoir lancé la procédure législative?
Depuis jeudi, la ministre de la Famille, Corinne Cahen, se voit reprocher par l’OGBL de vouloir procéder à une «privatisation brutale» du secteur des soins. Un petit article dans un texte de loi ouvrirait la porte à une externalisation aux conséquences multiples. Corinne Cahen renvoie aussi vers une pratique courante pour justifier son choix.
Qui dit vrai? La seule certitude est que le gouvernement, qui réfute toute volonté d’affaiblir la fonction publique, navigue trop en mode privé. Le dialogue avec les secteurs concernés fait défaut. On ne peut donc pas écarter le doute à propos de la volonté de faire adopter des textes de loi controversés en cachette, dans l’ombre de la crise sanitaire.
David Marques