Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le deuil des victimes des attentats perpétrés la semaine dernière en France à peine débuté, les donneurs de leçons sont déjà de sortie.
Vendredi, c’est l’imam de Mamer qui a condamné les attaques. Il en a profité pour proposer l’encadrement du droit d’expression des journalistes en matière de religion. Une brillante idée à laquelle souscrit le vicaire général des catholiques. Oui, parlons de tout, sauf de religion. Car la religion n’est que transcendance. L’état terrestre n’est qu’un passage. Alors, à quoi bon oser même porter un regard sur Dieu ? Seuls les spécialistes peuvent, au mieux, se faire l’écho de la parole sacrée.
Sauf que, si liberté d’expression il doit y avoir, lui fixer une limite, un champ d’exclusion, n’a aucun sens. Elle est totale ou elle n’est pas. Maîtres en leurs lieux de culte, les religieux aiment à manipuler les âmes et les corps. Ils exècrent le libre arbitre, car celui-ci les condamne. Mais les brebis égarées sont aujourd’hui si nombreuses que le troupeau couvre ces stupides éructations. Le numéro du 14 janvier de Charlie Hebdo va être imprimé à cinq millions d’exemplaires. Il sera consulté par beaucoup plus. Et le message de cette bible de l’irrévérence, de la provocation et de la liberté va se répandre comme une traînée de poudre. De tristes djihadistes ont allumé une mèche dont ils ne mesuraient pas les conséquences. Ce ne sont pas quelques grincheux, en Égypte, en Turquie, en France ou au Luxembourg, qui vont l’éteindre.
En cette époque du politiquement correct, de la pensée minimale et de la diplomatie permanente, la piqûre de rappel que Charlie Hebdo administre aux citoyens du monde va, espérons-le, réveiller l’esprit critique, l’intelligence. C’est à ce prix que les idées imbéciles deviendront inaudibles. Et que leurs zélés défenseurs, rappelés à l’ordre par la masse, tenteront, à leur tour, de se pencher sur des préceptes sans fondement. Ils comprendront alors que le rire est la seule issue du genre humain.
Depuis hier, le monde entier se marre à la lecture de Charlie Hebdo.
De notre rédacteur en chef adjoint Christophe Chohin
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