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Couvre-feu, le dilemme

Le confinement du printemps dernier a vite été oublié avec la reprise de la vie aux alentours de la Pentecôte. L’onde de choc provoquée par la propagation à vitesse grand V du coronavirus a permis de dégager un large consensus en faveur de cette mesure liberticide. Malgré certaines voix qui réclamaient de plus amples restrictions, le Luxembourg a finalement échappé à la balade quotidienne limitée à 1 heure et à 1 km autour de son domicile ou à l’obligation de remplir des attestations pour aller promener son chien.

Dès le départ, le gouvernement a donc engagé un exercice d’équilibriste. Cette stratégie a son prix. L’option d’un reconfinement strict, plus incisif et cohérent pour briser la deuxième vague d’infections, a été rejetée. Les exemples de la France ou de l’Allemagne sont venus démontrer les limites du concept. Le Portugal livre lui le contre-exemple avec le spectaculaire infléchissement de la courbe d’infections depuis fin janvier. Au Luxembourg, le choix a été pris de miser sur un confinement partiel accompagné de fortes restrictions en privé et l’instauration d’un couvre-feu. Mais quel est le réel apport de ces deux mesures liberticides, toujours aussi contestées?

À la base, confinement, restrictions en privé et couvre-feu ont comme objectif commun de réduire au maximum les contacts entre personnes. La distanciation reste incontestablement le meilleur moyen d’endiguer la pandémie. Dans cet ordre d’idées, la limitation du nombre d’invités par ménage se justifie, d’autant plus si l’on considère qu’un assouplissement pour Noël a provoqué une explosion des infections au Portugal. Une étude de l’université d’Oxford (lire en page 2) vient à la conclusion que cette restriction permet de réduire le taux de reproduction de 26 %.

Mais enfermer les gens alors que la vie publique est au point mort, cela a-t-il du sens? La même étude estime que le couvre-feu permet de réduire le taux de reproduction de 13 %. Seuls une fermeture du commerce (-35 %) et un confinement strict (-52 %) sont jugés plus efficaces. Vaut-il donc mieux reconfiner? Ou autrement formulé : le surcroît de libertés dont disposent les citoyens luxembourgeois peut-il encore justifier un couvre-feu? Le dilemme reste entier.

David Marques

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