Les 2,5 % de revalorisation des salaires et pensions, due depuis vendredi, ne seront pas versés, du moins pas tout de suite. L’accord tripartite du 30 mars prévoit, en effet, que cet index sera reporté de 9 mois, soit à avril 2023.
L’idée première est de soulager les employeurs qui estiment que le paiement de trois tranches en moins d’un an (octobre 2021, avril 2022, juillet 2022) signerait l’arrêt de mort de nombreuses entreprises. La grande différence par rapport à la manipulation de l’index de 2012 est que le gouvernement s’est engagé à verser une compensation financière pour contrebalancer la perte de pouvoir d’achat.
Le seul crédit d’impôt énergie aura un coût de 530,8 millions d’euros pour l’État. L’ensemble du paquet de solidarité est chiffré à 1,4 milliard d’euros : 852 millions d’euros pour les mesures tripartites (crédit d’impôt, rabais de 7,5 centimes d’euros à la pompe, aides aux entreprises, etc.), 75 millions d’euros pour les mesures décidées lors de l’Energiedësch (prime énergie, prise en charge par l’État des frais de réseau de gaz, etc.) et des garanties d’État de 500 millions d’euros pour les entreprises.
Les montants sont impressionnants. Le gouvernement conclut : «Aucun ménage ne sera perdant.» Le camp syndical, et plus particulièrement l’OGBL, n’est pas d’accord. La perte de pouvoir d’achat serait de 720 millions d’euros, soit quelque 70 millions par mois et 2,2 millions d’euros par jour.
Les employeurs profiteraient eux d’un «cadeau» de 800 millions d’euros, indépendamment de leur situation financière. Il est à rappeler, dans ce contexte, que l’OGBL, le seul syndicat à avoir rejeté l’accord tripartite, n’est pas opposé à des aides ciblées pour les PME en souffrance. C’est le principe de l’arrosoir, si cher aux gouvernements successifs, qui dérange.
Au vu de l’inflation galopante, renforcée par la pénurie potentielle d’énergie, il est encore trop tôt pour savoir si les aides et compensations étatiques auront vraiment l’impact escompté. Une réévaluation de la situation est à réaliser, au plus tard à la rentrée.
En même temps, il est à rappeler que la marge au niveau des finances publiques n’est pas illimitée. Pour éviter que le coût (pour) l’État n’explose, l’arrosoir doit être rangé.