Malaise, jeudi, à la Chambre. En principe, les députés étaient amenés à valider un texte visant à porter à six mois le délai accordé à des ressortissants de pays tiers pour solliciter un titre de séjour, le faire renouveler s’il avait expiré ou demander la prolongation d’un visa venu à expiration.
Le débat sur cette mesure transitoire, décidée en raison de la pandémie du coronavirus, a dans un premier temps été très posé. Le libéral Gusty Graas renvoyait notamment au besoin de s’accorder une certaine flexibilité pour pouvoir continuer à accueillir une main-d’œuvre spécialisée. Djuna Bernard (déi gréng) a demandé une campagne d’information pour informer au mieux les personnes concernées sur leurs droits et obligations, idée partagée par Yves Cruchten (LSAP). Paul Galles (CSV) a lui posé une série de questions ayant trait au sort des réfugiés.
On était loin du ton qu’allait employer Fernand Kartheiser (ADR). L’ancien diplomate a saisi l’occasion pour dénoncer l’ensemble de la politique d’immigration menée par le gouvernement. Rétention, sans-papiers, mendicité, droit d’asile… La liste des maux qu’il pense avoir détectés est longue, mais le dérapage survint peu de temps après. L’élu faisait alors référence à la criminalité importée depuis les pays de «l’Afrique noire». «Établir ce lien n’est rien d’autre que du racisme», rétorque David Wagner (déi Lénk). Sans défendre le député de l’ADR, Sven Clement (Parti pirate) rapporte, lui, l’évocation par des ministres de la «mafia nigériane de la drogue» qui sévirait dans le quartier de la Gare à Luxembourg.
Ces deux exemples d’amalgames émanant du monde politique sont un nouvel indicateur qui vient confirmer que le racisme caché est présent au Luxembourg, même si la mauvaise foi ou la maladresse se trouve à la base de ces propos déplacés. Plus que jamais, il est temps de défendre le caractère ouvert et multiculturel du Luxembourg.
David Marques