Contrôle des corps

Scandale en Arabie saoudite : une vidéo de quelques secondes montrant une jeune femme en minijupe seule dans une ruelle aurait été tournée dans le royaume. Sans aucune preuve du lieu de tournage, l’information a fait le tour de la toile et c’est une chasse aux sorcières qui s’est engagée pour retrouver la contrevenante qui aurait bravé les strictes lois quant aux tenues des femmes. La police religieuse est sur les rangs. Il faut dire que l’apparence des femmes déchaîne les passions, le corps de la femme est l’objet de fantasmes, de vindictes populaires et de lois. Trop court, trop loin, difficile de savoir, mais force est de constater qu’il y a en général toujours quelque chose à reprocher aux femmes.

L’Arabie saoudite interdit aux femmes de se promener tête nue dans l’espace public, enfin seulement pour les Saoudiennes, pour les autres il y a un degré de tolérance, comme c’est le cas pour les déléguées féminines de pays étrangers. Au- delà de l’apparence, c’est le seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire. Mais des vidéos circulent où certaines bravent l’interdit. Et quoi de mieux que de publier ses exploits pour montrer aux autres femmes qu’une autre société est possible et faire le pied de nez aux conservateurs qui tiennent d’une main de fer le pays.

Si l’on veut couvrir les femmes en Arabie saoudite, n’oublions pas que la polémique de l’été dernier en France était le fameux burkini qui n’avait pas le droit de cité. En Europe donc, on intime l’ordre aux femmes de se dévêtir, le bikini ou rien ! D’un côté ou de l’autre, l’esprit est le même puisqu’on explique aux femmes ce qui est acceptable, ce qui est convenable, comme si la femme ne pouvait pas décider par elle-même. Le corps de la femme comme objet de débat public est une constante dans tous les pays du monde, que ce soit pour leur tenue ou pour des questions comme la contraception ou l’avortement. Contrôler le corps des femmes c’est contrôler la moitié de la population, un art dont l’Arabie saoudite est passée maître en la matière.

Audrey Somnard