Récemment, une étude réalisée par des chercheurs de l’université du Luxembourg, consacrée aux risques potentiels qui pèsent sur la pluralité des médias, est arrivée à la conclusion qu’au Grand-Duché l’indépendance politique des médias et la protection de la liberté d’expression n’étaient que très faiblement menacées.
Le Media Pluralism Monitor 2015 aura surtout permis de montrer que les groupes Editpress et Saint-Paul continuent de régner sans partage sur la presse écrite, tandis que le secteur de l’audiovisuel y apparaît très fortement concentré avec RTL Group. Les chercheurs déplorant d’ailleurs dans ce contexte l’absence d’un quelconque cadre légal au Luxembourg, permettant d’empêcher une concentration trop importante.
La structuration du marché par concentration est un phénomène bien connu et partout observable qui ne concerne pas seulement le monde des médias. Et si des concentrations constatées plus haut, celle dans le domaine de la presse écrite était en réalité la moins inquiétante, comparée à celle qui a eu lieu dans le secteur audiovisuel, notamment concernant la télévision ?
Nous vivons à une époque où les choses, bien souvent, n’existent qu’en fonction de la possibilité de les représenter, l’image ayant pris le dessus sur tout. Une information ne vit et ne paraît crédible que si elle apparaît accompagnée d’une image. En allant au bout de ce raisonnement, il faudrait conclure que ce qui ne peut être représenté, n’existe pas. Heureusement, l’expérience prouve aussi le contraire…
Reste qu’auprès de beaucoup de Luxembourgeois, la télévision semble de toute façon jouir d’une autorité supérieure à celle de la presse écrite (essentiellement en langue étrangère). Or si tel était le cas, à une époque qui donne la priorité à l’image, alors le monopole de raconter l’actualité en images ne peut revenir à un média seul. Les journaux s’en trouveraient réduits au rang d’agences de presse, alors qu’ils contribuent tous les jours à discerner le réel de l’irréel.
Frédéric Braun (fbraun@lequotidien.lu)