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Bouc émissaire

Surfer sur une vague d’indignation est devenu une mode dans le monde politique. Après les réfugiés ce sont désormais les mesures pour lutter contre le changement climatique qui déchaînent les passions. Au Luxembourg, l’ADR est le parti le plus actif dans la récupération de ces thématiques. Le parti réformateur se considère comme le dernier représentant de la vox populi à la Chambre des députés. Les 8,2% de suffrages récoltés lors des législatives de 2018 ne viennent pas forcément confirmer cette affirmation. Lors de la législature écoulée, le CSV s’est aussi engagé de plus en plus souvent sur cette voie, avec également un résultat électoral mitigé à la clé. Comme le démontre le récent débat incendiaire sur la sécurité publique, le parti n’a pas encore quitté ce sentier, qui frôle par moments le populisme.

Si des différences sur l’échiquier politique restent présentes, CSV et ADR ont élu déi gréng comme bouc émissaire par excellence. Le député Laurent Mosar se donne ainsi à cœur joie de fustiger sur Twitter l’action «liberticide» des verts, qui vivraient dans un «monde illusoire, rempli d’interdictions, de réglementations et de nouveaux impôts». L’argumentation de l’ADR est identique. Le soi-disant «acharnement» contre les automobilistes revient également dans les propos de Laurent Mosar. Lundi, son collègue Gilles Roth s’est montré moins incisif à la Chambre. Entre les lignes, l’élu a néanmoins laissé entrevoir que le taxe carbone a accéléré la «flambée des prix» du carburant.

Pour autant, le CSV ne remet pas en question la taxe. Mais il omet aussi de remettre la hausse des prix dans son contexte. Tout d’abord, les tarifs sont revenus au niveau d’avant-crise. Et ils ont déjà été plus élevés par le passé, sans que quelqu’un ne crie au scandale. Ensuite, la question n’est pas de savoir si la taxe carbone est coupable de la hausse des prix. L’enjeu est de se rendre moins dépendant des énergies fossiles. Le prix à payer pour l’absence de réaction sera plus important que les quelques centimes d’euros à payer en plus pour un plein. Il est toutefois plus simple d’élire un bouc émissaire que de mener un débat de fond sur une transition écologique nécessaire, mais peu populaire.

David Marques

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