Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Cher jury chargé de désigner la capitale européenne de la culture 2022, Esch-sur-Alzette est une ville de presse et d’idées. Trois titres nationaux y ont leur siège (Tageblatt, Le Quotidien, Le Jeudi) sans compter l’antenne locale de nos confrères du Wort. Tout ça pour une ville de moins de 35 000 habitants! C’est qu’il s’en passe des choses ici. À en croire la météo, vous allez visiter la Métropole du fer sous la pluie, ce jeudi, avant de rendre votre décision. Très bien : Esch n’est jamais aussi romantique que sous les «sanglots longs des violons de l’automne». Cette poésie n’est pas volée. Esch est un peu grise par nature, mais toujours prête à fendre son cœur d’acier.
Le programme des visites est dense (lire en page 14). Le but final? «Montrer qu’Esch et le Sud sont différents du reste du pays, estime Janina Strötgen, copilote du dossier. Car Luxembourg-Ville a déjà eu deux fois la capitale européenne de la culture.» On vous le confirme, en tant que journaliste et observateur du terrain : Esch ne ressemble à aucune autre ville.
Il faudra revenir pour comprendre ça. Il faudra voir les ouvriers portugais partir au petit matin dans leurs camionnettes de chantier (avec le fanion de champion d’Europe au rétroviseur…), il faudra prendre un verre avec ces vieux moustachus plus français que le voisin français, il faudra prendre une raclée au baby-foot dans un bar de la rue du Canal (les types sont champions du monde!), il faudra voir la ville d’Esch au printemps à la fin des classes, envahie par des centaines de bambins de tous les pays du monde. C’est un tableau vivant, beau à en pleurer. Ils ne veulent pas rentrer faire leurs devoirs, ils veulent jouer encore, ils veulent rester dehors car cette ville leur appartient. Esch accueille le monde entier comme peu de gens savent ouvrir leurs bras : Esch a toute sa jeunesse devant elle pour briller.
Voilà, au fond, le cœur du dossier Esch 2022, que l’on appellera «mixité sociale», «melting-pot eschois» ou «Remix» dans les dossiers. Alors, promis, vous revenez bientôt?
Hubert Gamelon