Il y a 66 ans, au Luxembourg, 24 couples mariés envoyaient à leurs proches un faire-part annonçant la naissance de leur… dixième enfant! Vingt-quatre familles (très) nombreuses, donc. Mais après tout, en 1950, c’était normal : les familles de plus de cinq enfants se comptaient par centaines.
Revenons à l’époque contemporaine. En 2014, aucun couple marié n’a donné naissance à un dixième enfant. Et très rares sont ceux qui agrandissent leur famille au-delà du 5 e enfant. D’ailleurs, on compte moins de nouvelles naissances chez les couples mariés qu’en 1950, alors que la population a pratiquement doublé depuis!
Ce n’est qu’un exemple extrême. Mais en épluchant l’évolution de la démographie luxembourgeoise, un constat s’impose : le boom démographique s’accompagne d’un baby blues. Dans sa dernière étude, Eurostat rappelle ainsi que pendant que le wagon européen voit sa fécondité augmenter, le Luxembourg, lui, est en train de décrocher. En 2001, la fécondité luxembourgeoise s’établissait à 1,66 enfant par femme. En 2014, elle n’était plus que de 1,5, contre 1,58 en moyenne dans l’UE.
Pourquoi? Rares sont les études sur le sujet. Nul doute que l’arrivée tardive du premier enfant, la prospérité, ou encore le développement de la contraception jouent – sans remettre en question leur légitimité – un rôle dans cette baisse.
Deuxième constat, ce sont les étrangers qui permettent au Luxembourg de limiter la casse. En 2014, la fécondité de la population étrangère était de 1,71, contre 1,31 pour les Luxembourgeois. C’est un fait, depuis des années, les étrangers limitent le vieillissement du Luxembourg, aidant au passage à maintenir à flot le système de pension.
Mais jusqu’à quand? Le dernier référendum a levé le voile sur une certaine schizophrénie du Luxembourg, tiraillé entre les crispations identitaires d’un pays qui compte déjà 46 % d’étrangers, et l’importance de ces derniers dans le maintien de sa prospérité économique. Une problématique sensible, certes, mais qui doit être questionnée à l’heure où les Luxembourgeois comptent souvent plus de voitures que d’enfants…
Romain Van Dyck